L'ancienne candidate à la présidentielle française, Ségolène Royal, tentait samedi au deuxième jour d'un congrès à haute intensité de rallier des soutiens à son offre de diriger le Parti socialiste, s'en remettant aux militants pour trancher la cruciale question des alliances.

Forte de sa popularité auprès de la base mais à distance de l'appareil, Mme Royal a mis au pied du mur ses adversaires en proposant de soumettre au choix des militants la décision d'une éventuelle alliance avec le centre afin de battre la droite à l'élection présidentielle de 2012, après trois défaites consécutives. «Le jour venu, aurons-nous le courage de conduire la plus grande alliance nécessaire pour battre cette droite?», a-t-elle demandé à la tribune du congrès après avoir affirmé qu'«il y aura une consultation directe de militants sur la question des alliances».

La candidature de Mme Royal au poste de Premier secrétaire laissé vacant après onze ans par son ex-compagnon François Hollande a été officialisée vendredi soir alors qu'elle était redoutée par des barons du PS qui lui vouent une haine tenace.

Le futur premier secrétaire sera élu directement par les militants le 20 novembre, quatre jours après le congrès qui se termine dimanche et qui doit définir le programme du PS pour les trois prochaines années.

Jusqu'au bout, certains dirigeants ont espéré une solution de compromis: que l'ex-adversaire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007 renonce à son «envie» de s'emparer de la direction du PS en contrepartie d'un élargissement de sa majorité relative obtenue le 6 novembre lors d'un vote des militants sur les projets.

Le projet de Mme Royal, caractérisé par une ouverture au centre tout en reprenant des thématiques de gauche, est arrivé à la surprise générale en tête avec 29%, devant le maire de Paris Bertrand Delanoë (25%) Martine Aubry (24%), et Benoît Hamon, qui représente l'aile gauche du parti, (18%.).

En rejetant le compromis, Mme Royal a renforcé les manoeuvres même si ses proches ont assuré qu'elle n'entendait pas «accaparer le parti».

La place numéro 3 a même été offerte, en cas de victoire, à un proche de M. Delanoë qui l'a immédiatement déclinée.

Objet de sollicitations contradictoires et grand perdant de la première manche, le maire de Paris a fini par lancer un appel à la constitution d'un «rassemblement majoritaire» contre Ségolène Royal en appelant Martine Aubry et Benoît Hamon à des «compromis».

Parmi ses soutiens, certains sont favorables à un «front anti-Ségolène» alors que d'autres y sont farouchement opposés. Une situation favorable à Mme Aubry, qui instaura les 35 heures de travail hebdomadaire en France pendant les années 90.

Sa candidature au poste de Premier secrétaire est «fortement probable», a affirmé le député du Nord Yves Durand, proche de la maire de Lille qui ne l'a pas confirmée. Elle «est la seule qui est au point d'équilibre et peut rassembler une nouvelle majorité» face à Ségolène Royal. «Martine Aubry aura du mal à échapper à son destin», a dit M. Emmanuelli.

 Lui aussi candidat déclaré au poste de Premier secrétaire, Benoit Hamon qui incarne la gauche du parti, n'entendait pas y renoncer.

«Ce n'est pas un combat de personne, je ne suis pas candidat contre Ségolène. Je suis candidat au nom d'une vision politique, d'une stratégie et d'un projet», a-t-il affirmé.

Les socialistes devaient tenter de dégager une alliance majoritaire avant dimanche matin. Leurs divisions pourraient encore détériorer l'image d'un parti qui apparaît dépourvu de projet alternatif crédible à la politique du président Sarkozy. D'autant que ce dernier jouit récemment d'un regain de popularité en raison de sa gestion de la crise financière.