L'ex-candidate à la présidentielle de France, Ségolène Royal, se lance sauf surprise à l'assaut de la direction du parti socialiste, à deux jours d'un congrès national qui menace à nouveau de faire sombrer l'opposition française dans les divisions et le discrédit.

Mme Royal, 55 ans, annoncera très prochainement si elle est brigue le poste de premier secrétaire du PS, occupé depuis onze ans par François Hollande, son ex-compagnon et père de ses quatre enfants.

Tout semble indiquer qu'elle en a l'ambition et ses proches mettent en avant sa «légitimité» à prendre la tête du premier parti d'opposition français.

Contre toute attente, son projet politique, caractérisé par une ouverture au centre tout en reprenant des thématiques de gauche, avait été choisi, le 6 novembre, par un peu moins de 30% des militants socialistes.

Elle s'est alors retrouvée en tête, devant son principal concurrent, le maire de Paris Bertrand Delanoë, mais aussi la maire de Lille (nord) Martine Aubry, et la figure montante du parti, Benoît Hamon, qui représente son aile gauche.

L'objectif pour Ségolène Royal est désormais de former une majorité avec les différents courants du PS. Cette «synthèse» doit être entériné au Congrès du PS qui se tiendra dans la ville de Reims (nord-est), qui se tiendra du 14 au 16 novembre.

Quatre jours plus tard, les militants voteront à nouveau pour désigner leur premier secrétaire.

Les méthodes et la personnalité de Ségolène Royal lui valent de féroces inimitiés au sein du parti, où ses capacités à gouverner sont parfois publiquement mises en cause.

En septembre, elle a essuyé les railleries les plus acerbes après s'être essayée à un style nouveau pour la France en mêlant politique, incantation quasi-mystique à la «fraternité» et prestations d'artistes devant 4.000 invités dans une salle de spectacle à Paris.

Mais ses positionnements, parfois iconoclastes, et son opposition pugnace au président Nicolas Sarkozy, séduisent une partie des militants. Dans un sondage en octobre, les sympathisants de gauche la plaçaient en tête des personnalités représentant le mieux l'identité de la gauche.

«A l'heure de la société de la communication, c'est l'image qui domine. Elle le sait. Et comme d'autres, Nicolas Sarkozy ou Barack Obama, elle se met en scène», commentait mercredi l'éditorialiste du grand quotidien de droite, Le Figaro.

A quelques jours du Congrès de Reims, l'heure est aux tractations tous azimuts au sein du PS, et Ségolène Royal mène personnellement des discussions avec les principales figures des différents courants pour rallier une majorité au «document de travail ouvert» qu'elle leur a soumis.

Mais l'absence d'accord avant Reims n'est pas écarté et le PS risque d'offrir, à nouveau, l'image d'un parti divisé, miné par la guerre des chefs et incapable de proposer une alternative crédible à la politique de Nicolas Sarkozy. Celui-ci est de plus requinqué dans les sondages de popularité par sa gestion de la crise financière.

Une candidature de Ségolène Royal au poste de premier secrétaire serait «une candidature d'affrontement», estimait mercredi l'ancien ministre Michel Sapin, proche de M. Hollande, qui a souhaité un autre candidat du même camp.

«Si c'est Ségolène Royal», Reims sera «le premier meeting de sa campagne présidentielle», a-t-il averti.

Mais les rivaux de celle qui fut la première femme à avoir une chance d'accéder à la fonction suprême savent aussi qu'un front anti-Royal aggraverait la césure entre l'appareil du PS et ses militants.

«Il faudrait faire attention à ce que dans notre parti tellement démocratique, il n'y ait pas en permanence un déni de démocratie», a averti un proche de Mme Royal, Vincent Peillon.