L'ex-chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic a témoigné mercredi en faveur de son ancien allié Momcilo Krajisnik, qui a fait appel de sa condamnation à 27 ans de prison devant le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie.

«Krajisnik n'était pas membre de la présidence» des Serbes de Bosnie, a assuré M. Karadzic, interrogé par le procureur Alan Tieger.

Selon l'accusation, MM. Krajisnik, président du parlement bosno-serbe pendant la guerre de Bosnie (1992-1995), et Karadzic formaient le noyau dur du «leadership serbe» qui a planifié le nettoyage ethnique au coeur du conflit bosniaque. Celui-ci a fait 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés.

Momcilo Krajisnik avait été condamné en première instance à 27 ans de prison pour crimes contre l'humanité le 27 septembre 2006 pour son rôle de direction à la fois politique et militaire au sein de la présidence serbe, sur laquelle régnait M. Karadzic.

Radovan Karadzic a été arrêté le 21 juillet à Belgrade, treize ans après son inculpation pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Il plaide non coupable.

«Krajisnik n'était pas obsédé par la séparation ethnique des Musulmans, qui n'était pas la politique du leadership serbe», a avancé Radovan Karadzic dans un témoignage écrit.

Le procureur Alan Tieger a demandé à M. Karadzic de s'exprimer sur ce point, mais son avocat Peter Robinson a objecté, arguant que cela risquait de lui porter préjudice lors de son procès.

Pendant l'audience, qui a duré un peu plus de quatre heures, M. Karadzic paraissait concentré, écoutant avec calme les questions et répondant par de longues tirades.

En 1990, M. Krajisnik, aujourd'hui âgé de 63 ans, avait fondé avec Radovan Karadzic, 63 ans également, le Parti démocratique serbe (SDS, nationaliste), principal parti des Serbes de Bosnie, selon le TPI.

Pendant la guerre de Bosnie, il présidait l'assemblée de la République autoproclamée des Serbes de Bosnie, la Republika Srpska, installée à Pale, non loin de Sarajevo.

M. Krajisnik a fait appel de sa condamnation, de même que le procureur, qui avait requis la prison à vie à son encontre, et conteste son acquittement du chef d'accusation de génocide.

Krajisnik et Karadzic travaillaient «la main dans la main» à la tête de la Republika Srpska, a avancé le procureur Alan Tieger. Il a remis en cause la «crédibilité» du témoignage de M. Karadzic, l'estimant «sans aucun fondement».

Le magistrat a produit plusieurs comptes rendus de réunions de la présidence serbo-bosniaque, signés par M. Karadzic, sur lesquels le nom de M. Krajisnik figure. «Ces notes étaient de simples aide-mémoire», a minimisé M. Karadzic, assurant que M. Krajisnik n'avait été qu'un simple «invité» à ces réunions.