(San Francisco) Le Golden Gate Bridge, pont emblématique de la ville de San Francisco, a été bloqué par des manifestants pro-palestiniens pendant plusieurs heures lundi, dans le cadre d’une action mondiale pour protester contre la guerre menée par Israël à Gaza.

Une longue file de voitures a été coincée sur ce célèbre pont rouge du sud-ouest des États-Unis, tandis que les voies en sens inverse étaient complètement désertes, selon des images aériennes.  

Les manifestants, qui empêchaient les entrées ou sorties par ce côté de la ville californienne, arboraient une banderole « Arrêtez le monde pour Gaza ».

La manifestation était organisée par « A15 Action », un mouvement qui cherche à bloquer des infrastructures clés dans une quarantaine de métropoles du monde entier « en solidarité avec la Palestine ». Elle a pris fin vers la mi-journée.

« Dans chaque ville, nous identifierons et bloquerons les principaux points d’étranglement de l’économie, en nous concentrant sur les points de production et de circulation, dans le but d’avoir le plus grand impact économique », expliquent les organisateurs sur leur site web.

Plus de six mois après le début de la guerre à Gaza, les manifestants protestaient contre le lourd bilan humain de l’offensive israélienne : 33 797 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans le territoire palestinien, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

PHOTO LEA SUZUKI, ASSOCIATED PRESS

Des piétons et des cyclistes attendent devant la porte piétonne du côté sud du Golden Gate Bridge, alors que le pont est fermé en raison de manifestants.

Israël a juré d’anéantir le Hamas après l’attaque sans précédent menée sur son sol le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien, qui a fait 1170 morts, en majorité des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Ralentir l’économie

Les manifestants espéraient ralentir l’économie. « Nous avons senti qu’il était temps de dépasser l’action symbolique pour prendre des risques plus calculés contre le système capitaliste, parce que nous savons que l’argent est vraiment ce qui parle aux dirigeants », a confié au San Francisco Chronicle une organisatrice, qui dit s’appeler Hayshawiya.  

De multiples actions ont eu lieu aux États-Unis ce lundi. Un rassemblement a notamment perturbé l’accès à l’aéroport de Chicago (nord), forçant les passagers à s’y rendre à pied, selon les médias locaux.

Des manifestants ont également bloqué l’accès à une usine d’aérospatiale dans le Connecticut (nord-est) et une autoroute dans l’Oregon (nord-ouest).  

À Los Angeles (sud-ouest), quelques centaines de personnes ont défilé dans le centre-ville, derrière une banderole « Stop au siège de Gaza, stop au financement américain d’Israël ».

Des actions doivent se dérouler dans de multiples pays, dont le Canada, la Belgique, l’Italie, la Colombie et la Corée du Sud.

Le compte Twitter d’A15 montre notamment des photos de manifestations autour du port d’Athènes en Grèce, de celui de Barcelone en Espagne, ou devant le bureau de la ministre des Affaires étrangères australienne à Adélaïde.

Soutien américain à Israël

Ces manifestations se déroulent au moment où le conflit menace d’embraser plus largement le Moyen-Orient. Ce week-end, l’Iran a pour la première fois lancé une attaque depuis son sol contre Israël, avec 350 drones et missiles.

La quasi-totalité a été interceptée par la défense antiaérienne israélienne avec l’aide des États-Unis et d’autres pays alliés.

Israël envisage actuellement une riposte à cette attaque massive et sans précédent, que Téhéran présente comme une riposte à la frappe sur son consulat à Damas le 1er avril, attribuée à Israël et qui a tué sept membres des Gardiens de la Révolution.  

Le président américain Joe Biden a dit lundi vouloir éviter un embrasement au Moyen-Orient.

Son soutien « inébranlable » à Israël place le démocrate dans une position délicate, à l’approche de l’élection présidentielle de novembre où il doit affronter le républicain Donald Trump.  

Une partie de la gauche américaine et des jeunes électeurs dénoncent la responsabilité des États-Unis, qui reste le plus grand allié d’Israël et son principal fournisseur d’armes.

Depuis plusieurs mois, certains affublent le président du surnom « Joe le génocidaire » et assurent qu’ils ne voteront pas pour lui si son gouvernement maintient cette ligne.