(Washington) Les parlementaires américains sont lancés vendredi dans une course contre la montre pour adopter avant minuit le budget de l’État et éviter ainsi une paralysie très impopulaire.

Les deux chambres du Congrès doivent à tout prix adopter cette loi de finances de 1200 milliards de dollars pour éviter un assèchement soudain des finances de l’État.

Un vote à la Chambre est prévu autour de 11 h locales.

Le calendrier est plus flou au Sénat, alimentant les craintes sur la possibilité d’une paralysie, même très temporaire, de l’État fédéral, le fameux « shutdown ».

Il est certes très courant que des accords de toute dernière minute soient trouvés au Congrès, et tout particulièrement sur les questions budgétaires.  

Mais plusieurs employés fédéraux se sont déjà vus notifier du risque que cette paralysie ait bien lieu.

Militaires non payés

La liste des conséquences potentielles d’une paralysie de l’État est longue : des militaires et des agents de la sécurité des transports non payés, des administrations à l’arrêt, certaines aides gelées…

Une situation extrêmement impopulaire auprès des Américains et dont la plupart des effets se feraient sentir en début de semaine.

Les États-Unis butent depuis plusieurs mois sur l’adoption finale d’un budget, empêtrés dans des querelles partisanes, entre le camp du président démocrate Joe Biden et certains républicains, partisans d’une orthodoxie budgétaire très stricte.

Le Congrès n’a réussi pour l’instant qu’à adopter une série de mini-lois pour prolonger le budget de l’État fédéral de quelques jours, quelques mois tout au plus.

Dès qu’un de ces mini-budgets est sur le point d’expirer, comme ce doit être le cas pour l’un d’entre eux vendredi, revient le risque que l’administration fédérale soit mise partiellement à l’arrêt.

Fonds coupés pour l’UNRWA

S’il est adopté, le projet de loi présenté jeudi prolongera le budget américain jusqu’à la fin de l’exercice financier, soit le 30 septembre.

Ce texte de 1012 pages, fruit de tractations très acrimonieuses, contient des mesures qui auraient de fortes répercussions à l’étranger.  

Le texte interdit ainsi tout financement direct des États-Unis à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, au cœur d’une controverse depuis qu’Israël a accusé fin janvier 12 de ses quelque 13 000 employés à Gaza d’être impliqués dans l’attaque meurtrière du 7 octobre perpétrée par le Hamas.

La possible fin des financements américains a été très critiquée par l’aile gauche du Parti démocrate.

« Je voterai contre ce projet de loi qui interdit l’aide à des enfants à Gaza qui meurent de faim », a annoncé l’élu progressiste Ro Khanna dans un message sur X.

Plusieurs centaines de millions de dollars sont également alloués à Taïwan.

Le projet de loi contient aussi plusieurs mesures liées à l’immigration, un sujet explosif en pleine campagne présidentielle. Il prévoit, entre autres, l’embauche de dizaines de milliers d’agents de la police aux frontières.

Il contient enfin une litanie de mesures, pas forcément liées au budget.  

Comme l’interdiction aux ambassades américaines de faire flotter le drapeau arc-en-ciel, étendard de la communauté LGBT+, contrairement à ce que certaines d’entre elles avaient pour coutume de faire à l’occasion du « mois des fiertés ».

Un texte adopté le 9 mars avait déjà permis de boucler une autre partie du budget de 2024.