(New York) Fort de son triomphe aux primaires républicaines en Iowa et avant un scrutin clé dans le New Hampshire, Donald Trump retourne mercredi à son procès en diffamation à New York intenté par une autrice qui l’avait déjà fait condamner en 2023 pour une agression sexuelle dans les années 1990.

« Je vais revenir à New York ce soir et j’irai demain matin à l’une de ces fausses affaires. Voilà mon programme pour les quatre, cinq prochains jours », a lancé l’ancien président des États-Unis mardi soir en rassemblement de campagne dans le petit État du New Hampshire, dans le nord-est glacial et enneigé du pays.

Plus que jamais favori des primaires du Parti républicain après avoir dominé lundi le caucus de l’Iowa, dans le Midwest, le tribun et milliardaire de 77 ans a passé son mardi au palais de justice de Manhattan pour faire face à une ancienne chroniqueuse du magazine américain Elle, Elizabeth Jean Carroll, 80 ans.

D’après la presse judiciaire qui a eu accès à la salle d’audience du tribunal fédéral civil de New York, les deux protagonistes n’ont pas échangé un regard de la journée, consacrée à la sélection d’un jury civil de neuf personnes.

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Donald Trump a tenu parole mardi et s’est rendu comme annoncé au palais de justice de Manhattan pour faire face à l’ancienne chroniqueuse du magazine américain Elle, Elizabeth Jean Carroll, 80 ans.

« À peine croyable »

Si M. Trump est resté silencieux dans le prétoire, il s’en est pris à Mme Carroll sur son réseau social Truth Social : « C’est à peine croyable que je doive me défendre face à l’histoire bidon de cette femme », a-t-il écrit en republiant de vieux extraits d’interviews télévisés et des messages sur les réseaux sociaux de son accusatrice.

« Je n’ai jamais vu cette femme de ma vie […] Je n’ai pas idée de qui elle est », avait réaffirmé la semaine dernière Donald Trump à propos de l’écrivaine, en continuant de la traiter de menteuse, ou de « tarée », malgré sa retentissante condamnation civile en mai dernier à lui payer 5 millions de dollars pour « agression sexuelle » en 1996 et diffamation en 2022.

PHOTO DAVE SANDERS, THE NEW YORK TIMES

E. Jean Carroll

Visé par au moins six procès civils et pénaux, le magnat de l’immobilier a transformé chacune de ses inculpations ou comparutions en tribune politique, multipliant les invectives virulentes contre la justice et le camp démocrate du président Joe Biden qu’il accuse de vouloir le faire condamner pour l’empêcher de gagner la présidentielle de novembre.

« Tôt le matin [ce mercredi] je vais à une chasse aux sorcières de Biden. Et puis je reviendrai ici dans l’après-midi, nous ferons des discours et nous empocherons les votes », a encore lancé M. Trump à une salle acquise de la ville d’Atkinson, dans le New Hampshire, État où les primaires républicaines auront lieu le 23 janvier.

Le procès en diffamation doit durer plusieurs jours, mais est limité sur le fond et dans le temps, car M. Trump a déjà été déclaré responsable des faits qui lui sont reprochés par Mme Carroll.

Le 9 mai 2023, un jury du même tribunal avait décidé à l’unanimité qu’il avait commis une « agression sexuelle » sur E. Jean Carroll, en 1996, dans une cabine d’essayage d’un grand magasin new-yorkais, et qu’il l’avait aussi diffamée en octobre 2022. Les jurés avaient condamné Donald Trump, qui a fait appel et n’a jamais été poursuivi au pénal dans ce dossier, à 5 millions de dollars de dommages et intérêts.  

Viol

Mais Mme Carroll avait aussi déposé plainte pour diffamation pour des déclarations antérieures de Donald Trump, en juin 2019, dans la foulée de ses premières accusations de viol contenues dans un livre.  

Alors président des États-Unis (2017-2021), il avait affirmé que l’autrice, qui n’était « pas son genre », avait tout inventé pour « vendre un nouveau livre ». La procédure avait été retardée par des batailles procédurales, mais ce second procès a été maintenu.

Signe des tensions politiques autour des déboires en justice de M. Trump, le juge Lewis Kaplan (qui n’a pas de lien avec l’avocate de Mme Carroll Roberta Kaplan) a imposé l’anonymat des jurés. Il a aussi prévenu que « la seule question en jeu au procès sera le préjudice causé à Mme Carroll par les propos » qu’il considère d’ores et déjà « diffamatoires », « faux », et « malveillants ».

ILLUSTRATION JANE ROSENBERG, REUTERS

L’avocate Shawn Crowley en salle d’audience devant sa cliente E. Jean Carroll et le juge Lewis Kaplan

E. Jean Carroll réclame au moins 10 millions de dollars pour son préjudice moral et professionnel.

Et ce procès, avant ceux des prochains mois, va encore soulever la question du comportement vis-à-vis des femmes de Donald Trump, accusé plusieurs fois d’agressions sexuelles, mais jamais condamné au pénal.