(Las Vegas) L’ancien vice-président Mike Pence, qui a passé quatre ans à servir consciencieusement le président Donald Trump, mais a refusé d’exécuter la demande de ce dernier de bloquer les résultats de l’élection de 2020, a mis fin samedi à sa candidature en vue de la présidentielle de 2024. En se retirant, il a lancé un dernier appel à son parti pour qu’il renoue avec les principes conservateurs et résiste au « chant des sirènes du populisme ».

L’annonce est survenue à la fin de son discours devant une foule de donateurs juifs du Parti républicain réunis à Las Vegas et a été accueillie par des cris de surprise. M. Pence avait reçu une ovation debout en commençant son discours par l’expression d’un soutien sans réserve aux opérations militaires d’Israël dans la bande de Gaza.

Il est ensuite passé à une « note plus personnelle », disant qu’après avoir beaucoup prié et réfléchi, il avait décidé de se retirer de la course.

« C’est devenu clair pour moi : ce n’est pas mon heure », a-t-il déclaré devant une foule de 1500 personnes, promettant de « ne jamais abandonner la lutte pour les valeurs conservatrices ».

La favorite de la foule, l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud et ambassadrice des États-Unis aux Nations unies Nikki Haley, a commencé son discours en faisant l’éloge de M. Pence, ajoutant plusieurs lignes aux remarques qu’elle avait préparées.

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La candidate aux primaires républicaines Nikki Haley

Il a été un homme de foi. Il a été un homme de service. Il s’est battu pour l’Amérique et pour Israël. Nous avons tous une dette de gratitude envers lui.

Nikki Haley, candidate aux primaires républicaines

Le sénateur Tim Scott de Caroline du Sud, un autre candidat dans la course à l’investiture républicaine, a indiqué dans un communiqué : « Le vice-président a été un partenaire de prière, un ami, ainsi qu’un homme d’intégrité et de conviction. Le Parti républicain est plus fort aujourd’hui grâce au leadership de Mike. » Chris Christie, ancien gouverneur du New Jersey, qui avait pris la parole plus tôt dans la journée, a dit que M. Pence, ancien membre du Congrès, s’était « constamment battu pour les valeurs américaines » et avait « défendu la Constitution des États-Unis ».

Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, qui a pris la parole immédiatement après M. Pence, n’a pas mentionné l’ancien vice-président dans ses remarques. Il a fait une publication sur X, tandis que Mme Haley était encore en train de parler, qualifiant M. Pence d’« homme de foi et de principe ».

Eric Levine, membre du conseil d’administration de la Coalition juive républicaine et avocat new-yorkais qui soutient M. Scott dans la course à la présidence, a dit que cette annonce était la « définition même du patriotisme ».

Des obstacles

La sortie de Mike Pence intervient moins de 90 jours avant les caucus de l’Iowa, sur lesquels M. Pence avait misé sa candidature. Bien que l’Iowa soit un État plus difficile que d’autres dans la course aux primaires républicaines pour M. Trump, l’ancien président y reste dominant. La décision de M. Pence de mettre un terme à sa candidature démontre à quel point il est difficile de renverser M. Trump – qui a été inculpé à quatre reprises, dont deux fois pour avoir tenté de se maintenir au pouvoir – dans une course à plusieurs candidats.

M. Pence est le candidat le plus en vue à avoir quitté la course. Il n’avait pas encore été annoncé comme qualifié pour le débat du 8 novembre à Miami, pour lequel les candidats doivent atteindre un seuil d’appui dans les sondages et avoir 70 000 donateurs uniques. La campagne de M. Pence a récemment fait état d’une dette de plus de 600 000 $.

Après s’être lancé dans la course en juin, M. Pence a cherché à exploiter l’énergie qui pourrait subsister dans le Parti républicain de l’ère Trump en faveur d’un conservateur dans la lignée du président Ronald Reagan. Il s’est attaché à restaurer le parti de l’époque où l’accent était mis sur la discipline budgétaire, faire respecter l’ordre établi après la Seconde Guerre mondiale, s’opposer à l’ingérence du gouvernement dans les entreprises et adopter une position intransigeante à l’égard de l’avortement.

Mais M. Pence, ancien gouverneur de l’Indiana, a eu beaucoup de mal à amasser des fonds et n’a jamais réussi à s’imposer dans les sondages, que son ancien colistier a dominés.

Il s’est contenté d’attaquer M. Trump et de défendre les politiques de son administration, tout en dénonçant les efforts de l’ancien président pour s’accrocher au pouvoir, les jugeant clairement anticonstitutionnels.

De bras droit à critique de Trump

Pendant la campagne de M. Pence, M. Trump a été inculpé à deux reprises pour avoir tenté de compromettre la victoire du président Joe Biden en 2020 : devant un tribunal fédéral de Washington et dans le comté de Fulton, en Géorgie.

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L'ancien président des États-Unis Donald Trump et le vice-président Mike Pence, en août 2020

M. Trump avait fait pression sur son vice-président pour qu’il rejette la victoire de M. Biden au collège électoral. Le 6 janvier 2021, cette campagne de pression a culminé avec l’attaque du Capitole par une foule pro-Trump, dont certains membres scandaient « Pendez Mike Pence ! ».

M. Pence a été salué pour sa résistance par ceux qui considèrent Donald Trump comme une menace pure et simple pour la démocratie.

Mais lors de la campagne électorale, où de nombreux électeurs républicains ont repris et défendu les fausses allégations de fraude généralisée de M. Trump, M. Pence a parfois été confronté à des questions hostiles sur les raisons pour lesquelles il n’avait pas essayé de faire reconnaître la victoire de l’élection à M. Trump.

Au fil de la campagne, M. Pence s’est montré plus critique à l’égard de l’ancien président. Plus récemment, après l’attaque terroriste du Hamas en Israël, M. Pence a accusé M. Trump et certains de ses autres rivaux d’« apaisement » en raison de leur approche isolationniste des affaires internationales.

M. Pence devrait être un témoin clé pour les procureurs fédéraux lors du procès de M. Trump, qui devrait débuter en mars, sur des accusations liées à ses efforts pour rester au pouvoir.

À la fin de son discours devant la Coalition juive républicaine, M. Pence a lancé : « La seule chose qui aurait été plus difficile que d’échouer, c’est que nous n’ayons jamais essayé. »

Et dans une attaque en règle contre le comportement de M. Trump, il a exhorté les républicains à « donner à [leur] pays un porte-étendard républicain qui, comme le disait Lincoln, fera appel aux meilleurs anges de notre nature ».

Cet article a été publié à l’origine dans le New York Times.

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