Il est trop tôt pour parler du débat de la dernière chance. D’autant plus que Donald Trump n’y sera pas. Mais le premier affrontement télévisé entre huit des treize aspirants républicains à la présidence, présenté ce mercredi soir sur Fox News en direct de Milwaukee, leur offrira une belle occasion de se démarquer. Qui sont-ils ?

Doug Burgum

Gouverneur du Dakota du Nord, 67 ans

PHOTO CHARLIE NEIBERGALL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Doug Burgum

À peu près inconnu du grand public, le gouverneur du Dakota du Nord a puisé dans sa fortune d’ex-entrepreneur de logiciels pour remplir une des conditions nécessaires à sa qualification au débat de Milwaukee. Il a offert à tous les Américains prêts à verser au moins 1 $ à sa campagne présidentielle un chèque cadeau d’une valeur de 20 $. Ce stratagème – dont la légalité n’a pas encore été contestée – lui a permis d’obtenir l’appui d’au moins 40 000 donateurs uniques et de recueillir au moins 200 dons dans au moins 20 États. Peu après sa réélection en 2020, ce conservateur modéré de 67 ans a promis que son État serait carboneutre en 2030. Mais au lieu de rejeter les énergies fossiles, il préconise le recours à de nouvelles technologies pour capter les émissions de CO2.

Ron DeSantis

Gouverneur de Floride, 44 ans

PHOTO JEFF ROBERSON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Ron DeSantis

Jusqu’à présent, la campagne du gouverneur de Floride est une suite d’erreurs épiques, notamment la défense de l’idée que des personnes réduites en esclavage ont acquis des compétences dont elles ont profité. Autre bévue majeure : s’y prendre à trois fois pour réduire les effectifs de sa campagne en manque d’argent, plutôt que de régler l’affaire en un seul coup. Au-delà des erreurs de jugement et de stratégie, Ron DeSantis semble pâtir de sa propre personnalité, qui est celle d’un homme peu friand de contacts humains. Malheureusement pour lui, il ne jouit pas davantage d’une réputation de grand débatteur. Mais il demeure le candidat le plus susceptible de battre Donald Trump, dont il a récemment reconnu la défaite en 2020. Et le rendez-vous de Milwaukee pourrait lui permettre de prouver qu’il n’est pas le candidat d’une seule cause – l’antiwokisme –, dont même les républicains commencent à se désintéresser.

Nikki Haley

Ex-gouverneure de Caroline du Sud et ex-ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, 51 ans

PHOTO JEFF ROBERSON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Nikki Haley

Même si elle a fait partie de l’administration Trump, l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud et ambassadrice des États-Unis aux Nations unies ne peut être prise pour une militante du mouvement MAGA. Son conservatisme, qui repose notamment sur une posture agressive et interventionniste en matière de politique étrangère, semble issu de l’ère Bush I ou II. Elle s’efforce néanmoins de courtiser la base républicaine, en attaquant notamment la « présidente Harris ». Elle laisse ainsi entendre que la vice-présidente est celle qui dirige vraiment les États-Unis ou celle qui en héritera si Joe Biden est réélu. Un de ses objectifs à Milwaukee sera de convaincre les donateurs républicains qu’elle peut gagner, sans quoi elle pourrait subir le même sort que Kamala Harris lors de la campagne de 2020. Avant même les caucus de l’Iowa, l’ancienne sénatrice de Californie avait dû abandonner la course démocrate, faute d’argent.

Tim Scott

Sénateur de Caroline du Sud, 57 ans

PHOTO CHARLIE NEIBERGALL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Tim Scott

Contrairement à Nikki Haley, le sénateur de Caroline du Sud n’a pas de problème d’argent. Né dans la pauvreté et élevé par une mère célibataire, l’unique sénateur afro-américain du Grand Old Party jouit aujourd’hui de l’appui de riches donateurs républicains, qui voient en lui une solution de rechange acceptable, voire souhaitable, à Donald Trump : à savoir un conservateur optimiste et souriant dont l’histoire est l’incarnation du rêve américain. Populaire auprès des chrétiens évangéliques, il pourrait surprendre à l’occasion des caucus d’Iowa, premier rendez-vous électoral de la course à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2024. Mais sa réticence à critiquer Donald Trump pour ses ennuis avec la justice donne parfois l’impression qu’il brigue la vice-présidence plutôt que la présidence, reproche que certains font également à Nikki Haley. Cela dit, il a voté pour certifier l’élection de Joe Biden après l’assaut du Capitole.

Vivek Ramaswamy

Entrepreneur et président d’une société d’investissement, 38 ans

PHOTO CHARLIE NEIBERGALL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Vivek Ramaswamy

Ron DeSantis peut aller se rhabiller. Malgré ses efforts, il n’est pas le rival le plus MAGA de Donald Trump. Ce titre revient à Vivek Ramaswamy, fondateur d’une société de biotechnologie qui s’est dit prêt à investir 100 millions dans sa campagne. Âgé de 38 ans, ce néophyte en politique n’est pas seulement un adversaire acharné du wokisme, il prône une « nouvelle révolution américaine » qui éliminerait de grands pans de l’« État profond », notamment le département de l’Éducation, le FBI, l’IRS et les CDC. Né à Cincinnati de parents indiens, il flirte avec le complotisme, en mettant notamment en doute les conclusions de l’enquête sur les attentats du 11 septembre 2001. Tout ça et plus lui ont permis de se hisser au troisième rang dans les sondages nationaux chez les républicains, selon la moyenne du site Real Clear Politics.

Chris Christie

Ex-gouverneur du New Jersey, 60 ans

PHOTO JIM YOUNG, ARCHIVES REUTERS

Chris Christie

Parmi les candidats républicains à la présidence, l’ancien gouverneur du New Jersey est le préféré des… démocrates ! Cette préférence s’explique par la férocité de ses attaques contre Donald Trump, avec qui il a rompu après l’élection présidentielle de 2020. Ces temps-ci, il accuse l’ancien président d’être un « menteur », un « lâche » et un « escroc ». Et il admet avoir commis une erreur en le soutenant en 2016. Résultat : ses chances d’être le candidat républicain en 2024 sont nulles. Mais il y a une dimension personnelle à son combat, qui ne se limite pas à la défense de la « vérité ». Il a failli mourir de la COVID-19. Or, quand Donald Trump l’a appelé à l’hôpital, il voulait s’assurer d’une seule chose : que personne ne sache qu’il avait refilé le virus au malade. Chris Christie a raconté l’histoire dans ses mémoires et la répète volontiers.

Mike Pence

Ex-vice-président des États-Unis, 64 ans

PHOTO DARRON CUMMINGS, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Mike Pence

« Je suis content qu’ils ne vous aient pas pendu », a lancé récemment un électeur républicain de l’Iowa à l’ancien vice-président. Pour ce dernier, cette déclaration doit être considérée comme un signe encourageant. Elle signifie que certains républicains lui pardonnent ou l’admirent d’avoir refusé de céder aux pressions de Donald Trump le 6 janvier 2021. De quoi encourager le Monsieur Glad de la politique américaine à assumer un rôle plus critique à l’égard de son ex-patron. « Quiconque se place au-dessus de la Constitution » ou demande à quelqu’un d’autre de le faire « ne devrait plus jamais être président », a-t-il déclaré après l’inculpation du 45président à Washington. Cela dit, Mike Pence refuse encore de dire s’il considère que les efforts de Donald Trump pour s’approprier des documents classifiés ou inverser les résultats de l’élection présidentielle de 2020 constituent des crimes.

Asa Hutchinson

Ex-gouverneur de l’Arkansas, 72 ans

PHOTO CHARLIE NEIBERGALL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Asa Hutchinson

Dernier candidat à se qualifier pour le débat de Milwaukee, l’ancien gouverneur de l’Arkansas est moins prompt que Chris Christie à manier les insultes personnelles contre Donald Trump, mais il n’est pas moins critique à l’endroit de l’ancien président. Il l’a d’ailleurs appelé à mettre fin à sa campagne présidentielle dès sa première inculpation à New York. Plus récemment, cet ancien procureur fédéral a affirmé que Donald Trump n’était peut-être pas éligible à la présidence en vertu d’une disposition du 14e amendement de la Constitution concernant les participants ou les instigateurs d’une insurrection. « Un certain nombre de juristes ont déclaré qu’il était disqualifié en raison des actes qu’il a commis le 6 janvier [2021] », a-t-il dit sur CNN dimanche dernier. Il a résumé ainsi sa stratégie pour le débat : « Je dirai la vérité sur Donald Trump, qu’il soit présent ou non. »

Donald Trump

Ex-président des États-Unis, 77 ans

PHOTO CHARLIE NEIBERGALL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Donald Trump

C’était un faux suspense. Pendant des semaines, les dirigeants de Fox News et du Parti républicain ont gardé l’espoir de compter l’ancien président parmi les participants du débat de Milwaukee. Mais l’intéressé avait plusieurs raisons de rater ce rendez-vous. Et il a évoqué la plus importante d’entre elles dimanche dernier sur Truth Social en mentionnant ses 46 points d’avance sur Ron DeSantis dans un sondage national tout chaud. « Le public sait qui je suis et quelle présidence réussie j’ai exercée », a-t-il écrit avant de préciser qu’il entendait boycotter tous les débats républicains. Son absence de Milwaukee lui évitera non seulement d’avoir à traiter ses rivaux comme des égaux, mais également de fournir à Fox News, dont il se plaint souvent, d’excellentes cotes d’écoute. Que fera-t-il mercredi soir ? Il pourrait publier sur Truth Social une entrevue accordée au préalable à Tucker Carlson.