(Washington) Les États-Unis ont annoncé vendredi des sanctions contre des réseaux de trafic du très létal fentanyl, impliquant la Chine et le Mexique, et notamment quatre fils du célèbre trafiquant mexicain « El Chapo ».

Le fentanyl, opiacé de synthèse particulièrement puissant, est responsable de la mort de plusieurs dizaines de milliers d’Américains par an.

Quatre rejetons du fondateur du cartel mexicain de Sinaloa, Joaquin « El Chapo » Guzman, surnommés les « Chapitos », sont notamment visés par des inculpations car considérés par la justice américaine comme principaux responsables des entrées massives de cette drogue sur le territoire américain.

Deux entreprises chinoises, accusées de fournir au cartel des composés chimiques nécessaires à la fabrication du fentanyl, sont par ailleurs ciblées par des sanctions du département du Trésor.

Selon le secrétaire américain de la Justice Merrick Garland, les autorités s’attaquent ainsi vendredi « aux opérations les plus vastes, violentes et prolifiques de trafic de fentanyl ».

Ces poursuites « envoient le message clair aux “Chapitos”, au cartel de Sinaloa et aux réseaux criminels de trafic de drogue dans le monde entier que l’Agence anti-drogue américaine (DEA) prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger la sécurité nationale des États-Unis ainsi que la santé et la sûreté des Américains », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse.

25 millions de dollars de primes

Le département d’État américain a annoncé des primes de 10 millions de dollars chacune pour Ivan Guzman Salazar et Alfredo Guzman Salazar, et 5 millions pour Joaquin Guzman Lopez. Le quatrième frère, Ovidio Guzman Lopez, a été arrêté au Mexique en janvier et devrait être extradé vers les États-Unis.

Des primes additionnelles pour toute information menant à l’arrestation de 27 personnes liées à ce trafic sont également offertes par la diplomatie américaine.

Le département du Trésor a quant à lui sanctionné en parallèle deux entités en Chine et cinq individus basés en Chine et au Guatemala, tous impliqués dans la fourniture des produits chimiques entrant dans la composition du fentanyl.

Pékin « doit faire cesser le flux incontrôlé de composés chimiques du fentanyl qui viennent de Chine », a insisté Merrick Garland.

« Le fentanyl illégal est responsable de la mort de dizaines de milliers d’Américains chaque année », a souligné Brian Nelson, sous-secrétaire au Trésor responsable des questions de terrorisme et de renseignement financier, dans un communiqué séparé.  

« Il tue davantage d’Américains entre 18 et 45 ans que le terrorisme, les accidents de voiture, le cancer et la COVID-19 », a abondé Anne Milgram, directrice de la DEA.

70 000 victimes du fentanyl en 2022

Les « Chapitos » avaient déjà été inculpés dans des affaires de trafic de drogue aux États-Unis, mais les nouvelles inculpations décrivent un cartel brutal qui a étendu ses opérations tout en les centrant sur le fentanyl depuis que son ancien chef, le patriarche Joaquin « El Chapo » Guzman, a été condamné à la prison à vie aux États-Unis en juillet 2019.

Des membres du cartel de Sinaloa ont torturé des rivaux, électrocutant certains et livrant d’autres – morts ou vivants – à des tigres appartenant à Ivan et Jesus Guzman, selon des documents judiciaires.

Et si le fentanyl coûte beaucoup moins cher à fabriquer que l’héroïne, trouver le bon dosage s’est révélé si complexe que « plusieurs » des chimistes du cartel sont morts en essayant leur produit, ajoutent-ils.

Parfois, les narcotrafiquants faisaient tester leur drogue à des prisonniers. Une femme, par exemple, a dû absorber plusieurs doses de fentanyl jusqu’à faire une surdose.

Aux États-Unis, entre 2020 et 2021, les décès liés aux surdoses aux opiacés ont bondi de 17 %, de 69 000 à 81 000.

Et sur 106 000 personnes mortes d’surdoses en 2022, 70 000 étaient liées au fentanyl, a rappelé en mars le sénateur Lindsey Graham, en accusant les cartels mexicains d’inonder les États-Unis avec cet opiacé de synthèse 50 fois plus puissant que l’héroïne.