(Washington) L’occasion était festive, mais Joe Biden a mis à profit, vendredi, la célébration de la Saint-Patrick en compagnie du premier ministre irlandais Leo Varadkar pour appeler à un compromis politique en Irlande du Nord.

Eau verte dans la fontaine et abondance de trèfles dans le bureau Ovale en l’honneur du saint patron de l’Irlande : la Maison-Blanche s’était parée, comme c’est la tradition chaque année, des couleurs irlandaises.

Le président américain a vanté « l’amitié » entre les deux pays, en ce jour qui est aussi une fête pour nombre d’Américains d’origine irlandaise, en recevant le chef de gouvernement irlandais.

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Joe Biden

Célébrer l’« amour » partagé de l’Irlande est un moment « de grande unité » politique à Washington, a rappelé un Joe Biden tantôt blagueur, tantôt lyrique, qui a rappelé, comme il le fait très volontiers, ses racines irlandaises.

Le chanteur irlandais Niall Horan, devenu célèbre avec le groupe One Direction et qui poursuit désormais une carrière solo, a donné de la voix pour les invités lors de la cérémonie.

Le président américain a assuré qu’il se rendrait « bientôt » en Irlande, alors qu’approche une date symbolique : le 10 avril, qui marquera le 25e anniversaire de l’accord de paix en Irlande du Nord.

Le sujet reste plus que jamais d’actualité : l’Union européenne et le Royaume-Uni ont conclu récemment, après de difficiles négociations, un accord censé préserver le fragile équilibre de la province britannique après le Brexit.

Et Joe Biden a mis tout son poids derrière ce compromis appelé « le cadre de Windsor », qui selon lui « préserve l’essence » des accords du Vendredi saint de 1998.

« Avenir pacifique »

Devant les dirigeants nord-irlandais du DUP (unionistes farouchement attachés à Londres) et ceux du Sinn-Fein (nationalistes partisans du rattachement à Dublin), tous conviés à une grande réception à la Maison-Blanche, le président démocrate y est allé de son avertissement.

« Même après 25 ans, nous ne pouvons pas tenir pour acquis un avenir pacifique en Irlande du Nord », a-t-il dit, appelant au « compromis » et à la « coopération ».

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La vice-présidente Kamala Harris a reçu le premier ministre irlandais Leo Varadkar à sa résidence pour un déjeuner de la Saint-Patrick.

Le DUP voit d’un mauvais œil les tractations avec Bruxelles et boycotte pour cette raison, depuis un an, le gouvernement local au sein duquel il partage le pouvoir avec le Sinn Fein.

Leo Varadkar a dit vouloir que « les institutions de l’accord du Vendredi saint soient restaurées ».

« Je pense que nous sommes arrivés, avec le “cadre de Windsor”, à une bonne conclusion, qui va durer », a aussi dit le chef du gouvernement irlandais.

Le « Taoiseach », son titre en gaélique, a par ailleurs confié dans le bureau Ovale qu’il était « impatient » de « dérouler le tapis rouge » pour la visite du président américain, dont la Maison-Blanche n’a pas encore donné les dates.

Joe Biden a déjà été invité formellement par le premier ministre britannique Rishi Sunak à venir marquer les 25 ans de l’accord de paix.

L’accord du Vendredi saint, jour qui désigne le vendredi d’avant Pâques pour les chrétiens, a été signé le 10 avril 1998.

Il a mis fin à des décennies d’affrontements entre les nationalistes catholiques et les unionistes protestants.

Le traité lie d’un côté l’Irlande et le Royaume-Uni, de l’autre les partis opposés d’Irlande du nord.

Il pose le principe d’autodétermination des habitants d’Irlande du Nord et prévoit par ailleurs la création d’institutions autonomes mixtes et le désarmement de la province.