(Washington) La FDA, l’agence gouvernementale américaine chargée de traquer le beurre d’arachide contaminé et les stimulateurs cardiaques défectueux, s’attaque à un nouveau danger pour la santé : la désinformation en ligne.

Voilà un rôle improbable pour l’Administration des aliments et des médicaments (FDA), une bureaucratie centenaire tentaculaire qui, pendant des décennies, a dirigé la plupart de ses communications vers les médecins et les entreprises.

Mais le commissaire de la FDA, le docteur Robert Califf, a passé l’année dernière à avertir que les « distorsions et demi-vérités » croissantes entourant les vaccins et autres produits médicaux sont désormais « l’une des principales causes de décès aux États-Unis ».

« Presque personne ne devrait mourir de la COVID aux États-Unis actuellement, a déclaré le docteur Califf à l’Associated Press, rappelant la distribution par le gouvernement de vaccins gratuits et de médicaments antiviraux. Les gens qui se privent de cette opportunité meurent parce qu’ils sont mal informés. »

M. Califf, qui avait été nommé une première fois à ce poste par Barack Obama, a déclaré que la FDA pouvait autrefois compter sur une poignée de canaux de communication pour atteindre les Américains.

« Nous sommes maintenant dans une mer d’informations 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sans guide d’utilisation pour les citoyens, a déclaré M. Califf, qui a été confirmé à son deuxième mandat à la tête de la FDA en février dernier. Ça nous oblige donc à changer notre façon de communiquer. »

La réponse de la FDA ? De courtes vidéos sur YouTube, de longues enfilades sur Twitter et d’autres publications en ligne démystifiant la désinformation médicale, y compris de faux remèdes contre la COVID-19, comme l’ivermectine, le médicament antiparasitaire destiné aux animaux de ferme.

Sur Instagram, des mèmes de la FDA faisant appel à « Scooby-Doo » et « Bob l’éponge » exhortent les Américains à ignorer la désinformation.

L’AP a interrogé plus d’une demi-douzaine d’experts en communication sur la santé au sujet de ces initiatives de la FDA. Ils estiment que cela reflète principalement les dernières connaissances scientifiques sur la lutte contre la désinformation, mais ils se sont également demandé si cela atteignait suffisamment de personnes pour avoir un impact réel – et si des controverses distinctes de la FDA ne sapaient pas la crédibilité de l’agence dans cette vaste entreprise.

Selon une enquête menée l’année dernière par des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie, environ un quart des Américains ont déclaré avoir « beaucoup » confiance dans la gestion pandémique de la FDA, tandis que moins de la moitié ont déclaré avoir « une certaine confiance ».

« Les vidéos YouTube de la FDA attirent une audience minuscule », souligne Brandon Nyhan, qui étudie la désinformation médicale au Dartmouth College. Les personnes qui regardent les vidéos de la FDA « ne sont pas celles auxquelles nous pensons généralement lorsqu’on parle de désinformation ».

M. Nyhan et d’autres chercheurs ont noté que la source d’informations médicales la plus fiable pour la plupart des Américains, c’est leur médecin, pas le gouvernement.