(Washington) Une Québécoise accusée d’avoir envoyé du poison à l’ancien président américain Donald Trump a plaidé coupable et accepté une peine de prison de près de 22 ans.

Pascale Ferrier, âgée de 55 ans, a présenté son plaidoyer mercredi devant la Cour de district des États-Unis à Washington.

« Je dois passer à autre chose maintenant », a-t-elle déclaré à la juge Dabney Friedrich alors qu’elle reconnaissait les détails de l’affaire lors de l’audience à Washington, où elle est détenue depuis le printemps 2021.

Elle a également plaidé coupable à huit chefs d’accusation relativement à des infractions liées aux armes biologiques commises au Texas.

Elle a envoyé des lettres similaires à celle de M. Trump à des policiers, des superviseurs et des responsables de la prison texane où elle a passé 10 semaines en 2019 pour des accusations qui ont finalement été rejetées.

La juge Friedrich doit encore approuver la recommandation de peine de prison de 21 ans et 10 mois, l’audience étant fixée au 26 avril.

Pascale Ferrier était vêtue d’une tenue de prison orange à manches courtes, ses cheveux noirs grisonnants coupés courts et ses pantalons rentrés dans ses chaussettes blanches lors de l’audience. Elle a fait preuve d’une remarquable connaissance de la procédure judiciaire alors que la juge s’assurait qu’elle comprenait.

La plupart des réponses de Mme Ferrier étaient brèves, comme « oui » ou « je comprends ». Elle a cependant laissé paraître un sentiment de colère persistant lorsque la juge lui a demandé de confirmer les détails de l’accord de plaidoyer.

« Les accords de plaidoyer sont généralement conçus pour être injustes et iniques, donnant au gouvernement des avantages pernicieux tandis que les accusés doivent renoncer à un tas de leurs droits fondamentaux », a déclaré la Québécoise d’origine française, avec un fort accent parisien.

« J’ai analysé et pesé toutes les options possibles. Ces accords de plaidoyer ne sont pas la meilleure, mais la conception la moins délétère du système d’injustice criminelle. »

Mme Ferrier, qui détient un diplôme d’ingénieur en France et a fabriqué son poison de prédilection — la ricine — dans sa maison de la région de Montréal à partir de zéro en utilisant des graines de ricin, a surpris la juge Friedrich plus d’une fois avec sa familiarité avec le processus judiciaire.

« Mademoiselle Ferrier, vous démontrez encore et encore que vous êtes très informée de ce que vous faites ici aujourd’hui », a déclaré la juge, elle-même nommée par M. Trump et membre du banc fédéral depuis 2017.

« J’ai passé des heures à la bibliothèque », a répondu Mme Ferrier, son défenseur public Eugène Ohm à ses côtés.

Mme Ferrier a été arrêtée à un poste frontalier américain le 20 septembre 2020 et a été accusée d’avoir envoyé à M. Trump une lettre contenant de la ricine, un poison toxique, qui a été interceptée le 18 septembre avant d’être livrée à la Maison-Blanche.

« Il n’y a pas de place pour la violence politique dans notre pays, et aucune excuse pour menacer nos agents de la fonction publique ou mettre en danger nos fonctionnaires, a déclaré le procureur américain du District de Columbia, Matthew M. Graves, dans un communiqué. Nous espérons que cette décision servira d’avertissement que l’utilisation de notre système de courrier pour envoyer une substance toxique et d’autres menaces de ce type vous coûtera votre liberté pendant de nombreuses années. »

Selon les procureurs, la lettre destinée à Donald Trump contenait un langage similaire aux lettres envoyées aux responsables du Texas. La lettre à M. Trump qualifiait le poison de « cadeau spécial » et se concluait par une menace de « trouver une meilleure recette pour un autre poison », sinon l’auteure de la lettre menaçait d’utiliser son arme quand elle « pourrait venir ». Les lettres étaient toutes signées « Free Rebel Spirit ».

Dans un affidavit sous serment pour obtenir un mandat d’arrêt, un enquêteur de la police fédérale américaine, le FBI, a écrit que l’enveloppe contenait une substance blanche poudreuse avec une lettre destinée à M. Trump l’appelant « Le vilain clown tyran ». La lettre, interceptée moins de deux mois avant l’élection présidentielle de 2020, accusait M. Trump de ruiner les États-Unis et l’appelait à renoncer à sa candidature à la réélection.

Les autorités ont déclaré que lorsque Mme Ferrier a été arrêtée, elle était en possession d’une arme de poing et de plusieurs autres armes, de près de 300 cartouches et d’un faux permis de conduire texan.