(New York) Sayfullo Saipov, un Ouzbek radicalisé qui avait tué huit cyclistes et piétons à bord d’un gros véhicule à New York en 2017, au nom du groupe État islamique, a été déclaré coupable jeudi par un jury fédéral à Manhattan, où il risque la peine de mort.

L’homme de 34 ans, qui était jugé depuis le 9 janvier, a été déclaré coupable de 28 chefs d’accusation, dont huit pour « meurtre en vue de rejoindre l’État islamique », « qui sont passibles de la peine de mort ou de la prison à vie », a indiqué le parquet fédéral de Manhattan.

Le jour d’Halloween en 2017, Sayfullo Saipov avait lancé sa voiture sur une promenade le long de l’Hudson, dans le sud de Manhattan, fauchant de nombreuses victimes et faisant huit morts, dont cinq Argentins et une Belge.

L’attaque s’était soldée par le bilan le plus meurtrier à New York après les attentats du 11 septembre 2001. Elle était survenue plus d’un an après celle de Nice, dans le sud de la France, quand un Tunisien de 31 ans avait foncé à bord d’un camion dans la foule assistant au feu d’artifice du 14 juillet, faisant 86 victimes et plus de 400 blessés.

Le procès de Sayfullo Saipov est le premier au niveau fédéral du mandat de Joe Biden où la peine de mort est en jeu.

Unanimité requise

Élu en novembre 2020, le président démocrate avait promis pendant sa campagne de travailler pour abolir la peine capitale au niveau fédéral et son département de la Justice avait décrété peu après l’élection un moratoire sur les exécutions fédérales, n’empêchant pas celles décidées par les États.

Mais dans un document judiciaire du 16 septembre 2022 figurant au dossier de Sayfullo Saipov, le procureur fédéral de Manhattan Damian Williams avait pris acte de la décision du département de la Justice « de continuer à demander la peine de mort » dans cette affaire, une position décidée sous le mandat de Donald Trump (2017-2021).

Selon le parquet de Manhattan, les débats pour définir la sentence commenceront le 6 février devant le même jury de 12 personnes, qui devront être unanimes s’ils veulent condamner M. Saipov à la peine de mort.

La peine de mort a été abolie dans l’État de New York, mais elle peut s’appliquer s’agissant d’un procès fédéral. Néanmoins, la dernière exécution remonte à plusieurs décennies dans cet État.

Sayfullo Saipov ne s’est pas exprimé sur les faits durant le procès, qui a donné lieu au récit douloureux des proches des victimes mortes ou des blessés.

Alexander Li, l’un des procureurs, avait rappelé que l’accusé avait choisi New York parce qu’« il savait qu’il y aurait du monde dans les rues », décrivant M. Saipov, arrivé en 2010 aux États-Unis, comme se préparant depuis 2016 « à devenir un soldat de l’ÉI ».

Mais selon David Patton, l’un de ses avocats, M. Saipov ne cherchait pas à rejoindre le groupe ÉI après ses crimes et s’attendait à mourir. Il a présenté cet homme marié et père de trois enfants comme s’étant radicalisé sur l’internet.