« Il n’y a aucun endroit où je me sens en sécurité. Savez-vous ce que l’on ressent lorsque le président des États-Unis vous prend pour cible ? Le président des États-Unis est censé représenter chaque Américain, pas en cibler un. Mais il m’a ciblée. Lady Ruby. »

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Depuis le début de ses auditions publiques, la commission du 6-Janvier fait entendre des témoins susceptibles de l’aider à démontrer la nature illégale ou inconstitutionnelle des efforts de Donald Trump et de membres de son entourage pour invalider l’élection présidentielle de 2020.

Mardi, lors de sa quatrième audition, la Commission n’a pas abandonné cette approche, revenant sur les pressions exercées par l’ancien président et ses alliés auprès de responsables républicains de l’Arizona et de la Géorgie, entre autres, pour changer les résultats du scrutin.

Mais elle a fait plus, donnant la parole à deux préposées au scrutin du comté de Fulton, en Géorgie, qui ont été victimes de la cruauté personnelle de Donald Trump.

Avec Rudolph Giuliani et d’autres alliés, l’ancien président a inventé une théorie du complot et accusé faussement Ruby Freeman et sa fille, Shaye Moss, de fraude électorale, les exposant ensuite à des menaces qui ont ruiné leur vie.

« J’ai perdu mon nom et j’ai perdu ma réputation », a déclaré Ruby Freeman, une septuagénaire, lors d’une déposition présentée par la Commission. « J’ai perdu mon sentiment de sécurité, tout cela parce qu’un groupe de personnes, à commencer par le numéro 45 [Donald Trump] et son allié Rudy Giuliani, a décidé de faire de moi un bouc émissaire pour faire passer ses propres mensonges sur la façon dont l’élection présidentielle a été volée. »

Sa fille, qui a témoigné en personne, s’est notamment souvenue des messages racistes qui lui ont été adressés sur Facebook. Un des partisans de Donald Trump a écrit : « Sois heureuse qu’on soit en 2020 et non en 1920. »

Durant son témoignage, Shaye Moss a rappelé le plaisir qu’elle avait eu jusqu’en 2020 à aider les Afro-Américains d’un certain âge à exercer un droit de vote dont certains avaient été privés.

Des menaces devant chez lui

Trois responsables républicains ont également témoigné en personne. L’un d’eux, Rusty Bowers, président de la Chambre des représentants de l’Arizona, a qualifié de « troublantes, tout simplement troublantes », les menaces dont lui et sa famille ont fait l’objet après son refus de céder aux pressions de Donald Trump.

« Chez nous, jusqu’à récemment, c’était un nouveau rituel dans nos vies de s’inquiéter de ce qui va se passer le samedi », a-t-il raconté en évoquant les divers groupes qui venaient manifester devant son domicile pour l’accuser de pédophilie et de corruption, entre autres.

M. Bowers, qui a voté deux fois pour Donald Trump, a raconté que l’ancien président et M. Giuliani l’avaient pressé de tenir une audition parlementaire sur le scrutin présidentiel en Arizona et de remplacer les grands électeurs de Joe Biden par une liste favorable à Donald Trump.

Il s’est souvenu d’avoir demandé à M. Giuliani de lui fournir des preuves de fraude électorale en Arizona. L’ancien maire de New York a répondu, selon son témoignage : « Nous avons beaucoup de théories. Nous n’avons tout simplement pas de preuves. »

« Je ne voulais pas être utilisé comme un pion », a déclaré M. Bowers devant la commission du 6-Janvier.

Photo JONATHAN ERNST, REUTERS

Rusty Bowers

J’ai dit [à Donald Trump] : ‟Écoutez, vous me demandez de faire quelque chose qui va à l’encontre de mon serment, alors que j’ai juré sur la Constitution de la faire respecter.”

Rusty Bowers, président de la Chambre des représentants de l’Arizona

Une heure avant le début de l’audition de M. Bowers, Donald Trump a publié une déclaration selon laquelle l’élu de l’Arizona lui avait dit que l’élection présidentielle en Arizona « avait été truquée ». Lors de son témoignage, M. Bowers a nié avoir tenu de tels propos.

Des votes « à trouver »

Le secrétaire d’État de la Géorgie, Brad Raffensperger, et son bras droit, Gabriel Sterling, ont également témoigné en personne à propos des pressions exercées par Donald Trump et ses alliés pour changer les résultats du scrutin présidentiel dans leur État.

« Il n’y avait pas de votes à trouver », a déclaré M. Raffensperger en faisant allusion à son entretien téléphonique du 2 janvier 2021 avec Donald Trump, au cours duquel ce dernier lui a demandé de lui trouver les « 11 780 voix » dont il avait besoin pour battre Joe Biden dans le Peach State.

« Nous avions un décompte précis qui avait été certifié », a-t-il ajouté.

La commission du 6-Janvier a fait entendre des témoignages impliquant le représentant républicain d’Arizona Andy Biggs et le sénateur républicain du Wisconsin Ron Johnson dans les efforts du camp Trump pour renverser les résultats de l’élection présidentielle de 2020.

La prochaine audition de la Commission, qui aura lieu jeudi, portera sur les pressions exercées par Donald Trump pour « corrompre » le département de la Justice américain.