(New York) Rudolph Giuliani n’était pas au sommet de sa forme dans les heures qui ont suivi l’élection présidentielle du 3 novembre 2020.

Ce que vous devez savoir

  • Assez de preuves pour accuser Donald Trump, selon la commission du 6-Janvier ;
  • « Les forces ayant conduit à l’assaut encore à l’œuvre aujourd’hui », prévient Joe Biden ;
  • Donald Trump a « allumé la flamme » ;
  • Des images inédites rappellent l’extrême violence de l’assaut du 6 janvier 2021 ont été présentées le 9 juin dernier ;
  • La policière Caroline Edwards a témoigné de la violence de cette journée, au cours de laquelle elle a été victime d’une commotion cérébrale ;

En vidéo - Images de la policière Caroline Edwards inconsciente après avoir été frappée lors de l’assaut du 6 janvier

  • Bill Barr a souligné que les allégations de fraude du président défait, impliquant de supposées machines à voter manipulées, étaient « absolument n’importe quoi » ;
  • La fille et ancienne conseillère de M. Trump, Ivanka Trump, a déclaré qu’elle « acceptait » leur rejet des allégations par M. Barr.
Consultez Mieux comprendre la commission sur le 6-Janvier

« Il était certainement en état d’ivresse », s’est souvenu Jason Miller, ancien conseiller de Donald Trump.

« Le maire Giuliani disait : ‟Nous avons gagné. Ils nous volent. D’où viennent tous ces votes ? Nous devons aller dire que nous avons gagné.” »

Cette nuit-là, à la Maison-Blanche, William Stepien, autre conseiller de Donald Trump, a tenté en vain d’empêcher Giuliani d’encourager son plus célèbre client à crier victoire.

Photo JONATHAN ERNST, archives REUTERS

Rudy Giuliani lors d’une conférence de presse organisée à Washington, le 19 novembre 2020.

« Il était bien trop tôt pour faire des appels de ce genre. Les bulletins de vote étaient encore en train d’être comptés », a rappelé celui qui était alors directeur de l’équipe de campagne du 45e président.

Qu’à cela ne tienne : à 2 h 30 du matin, Donald Trump a suivi l’avis de son avocat personnel apparemment ivre plutôt que celui de ses experts politiques. Il s’est ainsi déclaré vainqueur d’une élection que les démocrates tentaient selon lui de voler.

C’était le début du « grand mensonge » qui a mené à l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole, point culminant d’un « coup d’État » orchestré par Donald Trump, selon la commission du Congrès chargée d’enquêter sur cet assaut contre la démocratie américaine.

C’était aussi la phase initiale d’une « grande arnaque » qui allait permettre à Donald Trump et à ses alliés de récolter 250 millions de dollars auprès de partisans aveuglés. C’est du moins ce que la commission a affirmé mardi lors de sa deuxième audition publique en juin.

« Nous montrerons […] que la campagne de Trump a utilisé ces fausses allégations de fraude électorale pour collecter des centaines de millions de dollars auprès de partisans à qui l’on a dit que leurs dons étaient destinés à la lutte juridique devant les tribunaux », a déclaré la représentante démocrate de Californie Zoe Lofgren en lever de rideau.

« Mais la campagne Trump n’a pas utilisé l’argent pour cela. Le grand mensonge était aussi une grande arnaque », a-t-elle ajouté, ouvrant la voie à une inculpation potentielle de l’ancien président et de ses alliés pour collecte de fonds frauduleuse.

« Détaché de la réalité »

Mais le « grand mensonge » a dominé la deuxième audition de la commission sur le 6-Janvier. Et pendant près de deux heures, les téléspectateurs ont dû avoir l’impression d’assister à l’équivalent politique du film Vol au-dessus d’un nid de coucou.

La commission a fait entendre de nombreux témoignages de membres de l’entourage de Donald Trump, dont Stepien, Miller et Jared Kushner, qui ont tenté en vain de le détourner de ses mensonges sur le scrutin présidentiel.

« Ce n’est pas l’approche que j’adopterais si j’étais vous », a dit Kushner à son beau-père.

Mais le témoignage de l’ancien procureur général des États-Unis William Barr aura sans doute été le plus percutant. La commission a présenté des extraits vidéo d’une déposition où ce dernier a rappelé avoir dit à plusieurs reprises à Donald Trump que ses allégations de fraude électorale étaient infondées.

Allégations qu’il a qualifiées de « conneries », de « trucs de cinglé », d’« absurdité totale » et d’« idioties », entre autres.

Avant de remettre sa démission, en décembre 2020, William Barr s’est même demandé si Donald Trump avait encore toute sa tête.

J’étais un peu démoralisé, parce que je me disais, bon sang, s’il croit vraiment à tout ça, il a, vous savez, perdu le contact avec… il s’est détaché de la réalité.

William Barr, ancien procureur général des États-Unis

Les allégations auxquelles a fait allusion William Barr étaient défendues non seulement par Rudolph Giuliani, mais également par Sidney Powell, une avocate qui dénonçait une vaste fraude électorale impliquant la société de technologie Dominion, le Venezuela et le financier George Soros, entre autres.

Christ Stirewalt, ex-rédacteur en chef du service politique de Fox News, est l’un des témoins qui ont comparu en personne devant la commission. Il a rappelé les circonstances qui ont poussé la chaîne à déclarer Joe Biden vainqueur en Arizona dès 23 h 20 le 3 novembre 2020, provoquant la colère et la consternation à la Maison-Blanche.

« Notre bureau de décision était le meilleur de l’industrie », a-t-il déclaré, ajoutant que Donald Trump n’avait aucune raison de déclarer victoire dans les heures qui ont suivi.

Coïncidence ou non, Fox News a diffusé en direct l’audition publique après avoir boudé celle de jeudi soir dernier, suivie en direct par au moins 20 millions de personnes.

La prochaine audition publique aura lieu mercredi matin. Selon la vice-présidente de la commission, Liz Cheney, elle portera sur le plan de Donald Trump « pour corrompre le ministère de la Justice et sa planification détaillée avec l’avocat John Eastman pour faire pression » sur le vice-président Mike Pence et plusieurs autres responsables locaux pour renverser l’élection.

Avec Agence France-Presse