(Ottawa) La célèbre lanceuse d’alerte Chelsea Manning a été exclue du Canada par la Commission de l’immigration et du statut de réfugié en raison de ses condamnations antérieures aux États-Unis.

Mme Manning est devenue une figure internationalement connue lorsque cette ancienne analyste du renseignement américain a divulgué des centaines de milliers de documents classifiés sur la guerre en Irak et en Afghanistan à WikiLeaks en 2010.

Elle a été condamnée à 35 ans de prison pour plusieurs chefs d’accusation, notamment d’espionnage et de vol, mais sa peine a ensuite été commuée par l’ancien président américain Barack Obama.

Mme Manning a été refoulée de la frontière canadienne en 2017 lorsqu’elle a tenté d’entrer au pays en tant que visiteuse, en raison de son casier judiciaire.

Dans une décision du 8 avril, la Commission de l’immigration et du statut de réfugié a déterminé que si Mme Manning commettait la même infraction au Canada, elle serait passible d’une peine d’emprisonnement de plus de 10 ans.

Pour cette raison, le tribunal l’a déclarée interdite de territoire au Canada.

Lors d’une audience en octobre 2021, elle a affirmé que ses actions étaient nécessaires en raison de la menace urgente et imminente contre la vie de civils et de détenus afghans et irakiens.

Mme Manning a assisté à l’audience par vidéoconférence depuis son domicile aux États-Unis.

En divulguant les documents, Mme Manning a déclaré qu’elle cherchait à sensibiliser le public aux actions illégales et abusives en cours des États-Unis et de leurs alliés dans le contexte de la « guerre contre le terrorisme », y compris la mort disproportionnée de civils.

Le conseil a rejeté son argument parce que Mme Manning a également divulgué des câbles diplomatiques qui exposaient comment les États-Unis défendaient leur guerre contre le terrorisme auprès des autres nations.

Dans sa décision, le panel a dit ne pas pouvoir conclure, sur la base des preuves disponibles, qu’il y avait un péril clair et imminent qui devait être évité.

Les avocats de Mme Manning, Joshua Blum et Lex Gill, affirment que la décision est « caractérisée par des erreurs juridiques » et qu’ils ont l’intention de demander une révision judiciaire.

Ils ont également l’intention de poursuivre la contestation constitutionnelle devant la Cour fédérale d’un article du Code criminel relatif à l’utilisation non autorisée d’un ordinateur.

Si Mme Manning avait divulgué les documents au Canada, elle aurait peut-être été reconnue coupable de l’infraction qui interdit d’obtenir frauduleusement des données informatiques.

Ses avocats soutiennent que la disposition est « exagérée et criminalise la dénonciation ».