(Washington) La majorité démocrate au Sénat américain tentait lundi le passage en force pour adopter une loi censée protéger l’accès au vote des minorités aux États-Unis, brandissant la menace de l’abandon du filibuster, une stratégie parlementaire couramment utilisée par l’opposition républicaine.

Les démocrates profitent de l’élan autour de l’anniversaire de l’assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump pour pousser un projet de réforme électorale censé neutraliser des restrictions adoptées dans des États républicains à travers le pays.

Plusieurs États ont en effet utilisé les allégations infondées de fraudes à la présidentielle de 2020, lancées par l’ex-président Donald Trump et ses alliés, pour faire passer des lois ces derniers mois imposant des restrictions diverses au vote et le rendant plus difficile pour les noirs et les latinos, selon des associations.

Le projet de réforme électorale des démocrates qui doit contrer ces restrictions est coincé depuis des mois dans les limbes du Sénat.

Le filibuster dans le collimateur

Le grand obstacle qui menace l’approbation de ce texte : une procédure nommée filibuster, qui requiert à cette institution de voter la majorité des lois avec 60 voix de sénateurs, sur 100.

Le chef démocrate du Sénat Chuck Schumer plaide pour un abandon de cette règle.

« Le Sénat doit changer, comme il l’a fait tant de fois auparavant », a-t-il soutenu dans une lettre à ses collègues démocrates lundi.

Abroger cette tradition parlementaire permettrait aux sénateurs de voter à la majorité simple. Or le camp démocrate dispose d’une très courte majorité à la chambre haute, ce qui lui permettrait d’adopter une série de mesures voulue par le président Biden avec leurs seules voix.

« Nous espérons que nos collègues républicains changent de position, et collaborent avec nous », sur le projet de réforme électorale, a déclaré Chuck Schumer.  

Autrement, un texte pour modifier le filibuster sera soumis au vote d’ici le 17 janvier, a-t-il prévenu.

Son adoption est loin d’être certaine, deux démocrates conservateurs ayant maintes fois fait part de leur opposition farouche à l’élimination de cette règle polémique. Tous deux jugent ainsi que le filibuster pousse à la recherche de compromis.

Même si cette règle risque d’entraver son mandat, Joe Biden est pour l’instant resté discret sur son possible abandon. L’ex-sénateur pendant plus de 35 ans aime à rappeler sa volonté de chercher des terrains d’entente avec les républicains.