(Washington) Le président des États-Unis Joe Biden a déclaré jeudi « envisager » un boycottage diplomatique des Jeux olympiques d’hiver prévus en février à Pékin, pour protester contre les violations des droits humains en Chine.

« C’est quelque chose que nous envisageons », a-t-il dit à des journalistes au sujet de cette option qui consisterait à ne pas envoyer de responsables gouvernementaux pour représenter Washington lors des compétitions, tout en laissant les athlètes américains y participer.

PHOTO MANDEL NGAN, AGENCE FRANCE PRESSE

Le président Joe Biden.

Cette piste devrait susciter l’ire de la Chine, qui a vivement réagi par le passé à l’évocation de toute forme de boycottage.

Elle pourrait donc entraîner un nouvel accès de tensions diplomatiques entre les deux superpuissances, quelques jours seulement après le sommet virtuel entre le président Biden et son homologue chinois Xi Jinping censé établir des « garde-fous » pour éviter que leurs nombreux différends ne dégénèrent en conflit.

Depuis des mois, le gouvernement américain recherche la meilleure façon de se positionner à l’égard de cet évènement populaire et planétaire organisé par un pays qu’il accuse de perpétrer un « génocide » contre les musulmans ouïghours du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine.

Plusieurs organisations de défense des droits humains accusent Pékin d’avoir interné au Xinjiang au moins un million de musulmans dans des « camps de rééducation ».

Les autorités chinoises dénoncent systématiquement « l’ingérence » des Occidentaux qui condamnent cette situation, assurant qu’il s’agit de « centres de formation professionnelle » pour soutenir l’emploi et combattre l’extrémisme religieux.

« Boycottage total »

Jusqu’ici, interrogée sur sa décision, l’administration Biden bottait en touche, affirmant qu’elle voulait se coordonner avec les alliés des États-Unis en vue d’une « approche commune ».

Mais l’échéance approche : les sports d’hiver ont rendez-vous du 4 au 20 février dans la capitale chinoise.

Le Washington Post a rapporté mardi que le président démocrate devrait « approuver » d’ici fin novembre l’option du boycottage diplomatique qui lui a été formellement recommandée par ses conseillers.

L’article du quotidien américain a aussitôt suscité des réactions positives des nombreux élus de tous bords qui plaidaient pour une telle solution, mais aussi les protestations de ceux qui voudraient aller plus loin.

Ces derniers mois, les résolutions et propositions de loi se sont multipliées au Congrès des États-Unis, certaines visant à punir les sociétés qui acceptent de commanditer les JO de Pékin, d’autres appelant le Comité international olympique à déplacer la compétition dans un autre pays.

Le boycott diplomatique avait été proposé dès le mois de mai par la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Plusieurs élus l’avaient soutenu, certains, comme le sénateur républicain Mitt Romney, ayant même introduit des amendements législatifs pour l’imposer.

« J’ai bon espoir de voir le gouvernement adresser un message fort au Parti communiste chinois sans punir les athlètes américains », avait dit ce dernier mardi.

Certains sénateurs ont dit croire ces derniers jours que la Maison-Blanche tranchera dans ce sens avant que le Congrès n’ait à légiférer.

Toutefois, plusieurs faucons républicains exhortent Joe Biden à annoncer un boycottage pur et simple de la compétition sportive par les responsables, mais aussi les athlètes.

« Les États-Unis doivent instaurer un boycottage total et global des Jeux d’hiver de Pékin. La menace qui pèse sur nos athlètes et les crimes contre l’humanité commis par la Chine ne nous laissent pas d’autre choix », a encore martelé jeudi le sénateur Tom Cotton lors d’une conférence de presse à ce sujet.

Le Comité olympique américain s’oppose de son côté à une solution aussi radicale, expliquant que les Jeux sont importants après des mois de pandémie. Il a jugé que le boycottage des Jeux de Moscou en 1980, par les États-Unis et une soixantaine d’autres pays, et de ceux de Los Angeles en 1984, par l’Union soviétique et ses alliés, avait montré qu’utiliser ces évènements comme un « outil politique » était une « erreur ».