(Miami) L’homme d’affaires colombien Alex Saab, proche du président vénézuélien Nicolas Maduro, a comparu pour la première fois lundi devant un juge américain qui l’a formellement inculpé de plusieurs chefs d’accusation dont un de blanchiment d’argent, après son extradition samedi du Cap-Vert vers les États-Unis.

L’homme d’affaires de 49 ans et son partenaire Alvaro Pulido sont accusés par la justice américaine d’être à la tête d’un vaste réseau ayant permis au dirigeant socialiste Nicolas Maduro et à son régime de détourner à leur profit de l’aide alimentaire à destination du Venezuela.

Ils sont soupçonnés d’avoir transféré quelque 350 millions de dollars du Venezuela vers des comptes qu’ils contrôlaient aux États-Unis et dans d’autres pays.

Alex Saab avait été inculpé en juillet 2019 à Miami pour blanchiment d’argent, et arrêté à la demande des États-Unis lors d’une escale d’avion au Cap-Vert, au large de l’Afrique de l’Ouest, en juin 2020.

La prochaine audience se tiendra le 1er novembre. Les deux accusés risquent jusqu’à 20 ans de prison.

Alex Saab a déjà affirmé dimanche, dans une lettre lue par son épouse lors d’un rassemblement public à Caracas, qu’il ne « collaborera pas avec les États-Unis », mais « affrontera son procès avec dignité ».

« Je n’ai commis aucun crime », disait-il dans le courrier.

Nicolas Maduro a qualifié l’extradition d’« enlèvement » et a suspendu la participation des autorités vénézuéliennes aux pourparlers avec l’opposition, qui devaient reprendre dimanche à Mexico.

Les États-Unis ont dénoncé cette décision : « Les accusations criminelles à l’encontre d’Alex Saab précèdent largement et n’ont aucun rapport avec les négociations » entre le régime et l’opposition, a estimé lundi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price. « En suspendant sa participation à ces négociations, le régime Maduro […] a montré clairement qu’il a une fois de plus fait passer ses intérêts avant ceux du peuple vénézuélien ».

Sans qu’il y ait de lien officiel, six anciens cadres de Citgo, filiale aux États-Unis de la compagnie pétrolière d’État vénézuélienne PDVSA, ont été remis en prison dimanche au Venezuela, a appris l’AFP auprès d’un de leurs avocats.

Condamnés à des peines de 8 à 13 ans pour corruption en novembre 2020, ils avaient bénéficié d’une assignation à résidence en avril, ce qui avait été alors perçu comme un geste de bonne volonté du président Maduro en direction de Washington.

Le porte-parole a exclu tout échange de M. Saab contre des dirigeants de la compagnie pétrolière Citgo emprisonnés au Venezuela, et a appelé le régime à les libérer « immédiatement et sans condition ».