Se posant en rassembleur dans une nation divisée, le nouveau président désigné des États-Unis, Joe Biden, a promis samedi soir de redonner les lettres de noblesse à son pays sur la scène internationale, lors d’un discours solennel à Wilmington, dans son fief du Delaware.

« Que cette sombre ère de diabolisation commence à se terminer ici et maintenant », a martelé celui qui deviendra sous peu le 46e président américain, devant plusieurs centaines de partisans démocrates en liesse qui s’étaient rassemblés pour l’occasion.

« Je m’engage à ne pas diviser, mais à unir, à ne pas voir des États rouges ou des États bleus, mais à voir les États-Unis », a-t-il renchéri. « Nous ferons en sorte que l’Amérique soit de nouveau respectée autour du monde », a-t-il aussi lancé, avant d’être chaudement applaudi par la foule.

À plusieurs reprises lors de son discours, M. Biden a semblé vouloir tendre la main aux 70 millions d’électeurs qui ont voté pour son adversaire républicain. « Je suis un fier démocrate, mais je vais gouverner comme un Américain », a-t-il avancé, en réitérant la même formule qu’il utilise depuis plusieurs semaines.

Je comprends votre déception ce soir. Mais maintenant, donnons-nous une chance. Il faut mettre de côté la rhétorique enflammée.

Joe Biden, président désigné des États-Unis, en s’adressant aux électeurs de Donald Trump

Fraîchement élu, M. Biden entrera en poste en janvier prochain avec d’immenses défis, alors que les États-Unis combattent toujours activement la propagation de la COVID-19 et présentent une économie pour le moins fragilisée. Le démocrate a promis samedi de tout faire pour mettre fin à cette crise sanitaire. « Je n’épargnerai aucun effort, ni aucun engagement, pour renverser cette pandémie », a-t-il lâché, en promettant de « reconstruire la colonne vertébrale de cette nation » qu’est la classe moyenne.

Notons que la date du 7 novembre revêt une symbolique bien spéciale pour Joe Biden. Samedi, cela faisait exactement 48 ans, jour pour jour, qu’il avait été élu pour la première fois sénateur du Delaware, à seulement 29 ans. « Lorsque nous sommes à notre meilleur, l’Amérique est un phare pour le monde », a ajouté l’homme aujourd’hui âgé de 77 ans.

  • De gauche à droite :  Doug Emhoff, le mari de Kamala Harris, la vice-présidente désignée Kamala Harris, le président désigné Joe Biden et sa femme Jill Biden

    PHOTO ANDREW HARNIK, AFP

    De gauche à droite : Doug Emhoff, le mari de Kamala Harris, la vice-présidente désignée Kamala Harris, le président désigné Joe Biden et sa femme Jill Biden

  • Le président désigné Joe Biden, sa femme Jill Biden et les membres de leur famille saluent la foule à Wilmington, au Delaware.

    PHOTO ROBERTO SCHMIDT, AFP

    Le président désigné Joe Biden, sa femme Jill Biden et les membres de leur famille saluent la foule à Wilmington, au Delaware.

  • Des feux d’artifice et des drones illuminés ont éclairé le ciel de Wilmington, au Delaware, après les discours de Kamala Harris et Joe Biden.

    PHOTO ANGELA WEISS, AFP

    Des feux d’artifice et des drones illuminés ont éclairé le ciel de Wilmington, au Delaware, après les discours de Kamala Harris et Joe Biden.

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Un « jour nouveau », clame Harris

La nouvelle vice-présidente désignée, Kamala Harris, a pris la parole peu avant M. Biden, en parlant d’un « jour nouveau » pour les États-Unis. « Notre démocratie était sur le bulletin de vote », a martelé celle qui deviendra la toute première femme et première Noire à occuper la fonction de vice-présidente, d’ici quelques mois.

Elle affirme que l’expérience personnelle de M. Biden, qui a perdu sa femme et sa fille dans un accident de la route, servira tout le pays au cours des quatre prochaines années. « Son expérience personnelle lui donne le sens de l’objectif, qui nous aidera en tant que nation », a martelé Mme Harris.

Celle-ci a aussi dédié sa victoire aux femmes « qui se sont battues et qui ont sacrifié beaucoup pour la liberté, l’égalité et la justice pour tous », en livrant un vibrant plaidoyer pour la diversité et les communautés noires, asiatiques et latino-américaines.

« Vous avez choisi l’espoir, la décence, l’unité, la science et la vérité », a rappelé Mme Harris, qui a déjà vécu à Montréal, où elle a obtenu son diplôme d’études secondaires.

Je serai la première femme dans ce bureau, mais je ne serai pas la dernière. Nous sommes un pays de possibilités.

Kamala Harris, vice-présidente désignée des États-Unis

Plus tôt, samedi, alors que des milliers de personnes se rassemblaient dans plusieurs villes des États-Unis pour célébrer son élection, M. Biden avait promis samedi d’être « le président de tous les Américains ». « Je suis honoré et empli d’humilité par la confiance que les Américains m’ont fait ainsi qu’à la vice-présidente élue » Kamala Harris, a déclaré le président désigné dans un communiqué.

« Avec la campagne terminée, il est temps de laisser derrière nous la colère et la rhétorique enflammée et nous rassembler en tant que nation », avait-il ajouté.

L’équipe de campagne de Donald Trump, elle, refuse pour l’instant de concéder la victoire. Elle a accusé Joe Biden de se « précipiter pour se présenter faussement » en vainqueur de la présidentielle américaine malgré l’annonce de sa victoire par les grands médias américains, assurant que l’élection était « loin d’être terminée ». « Nous savons tous pourquoi Joe Biden se précipite pour se présenter faussement en vainqueur et pourquoi ses alliés dans les médias tentent avec autant d’efforts de l’aider : ils ne veulent pas que la vérité éclate », a écrit le président américain sortant dans un communiqué.

M. Trump, qui se trouvait sur un terrain de golf en Virginie au moment de l’annonce des résultats, a également promis que dès lundi, son équipe poursuivra son travail devant les tribunaux pour s’assurer que le « gagnant légitime » soit connu.