Si Donald Trump s’en sort bien, il serait surprenant que sa COVID-19 ait un impact quelconque sur l’élection présidentielle, tant les positions sont campées entre les démocrates et les républicains, de même qu’entre ceux qui craignent la maladie et ceux qui l’estiment sans gravité. Telle est l’opinion des politologues interrogés.

« Depuis 2020, les États-Unis ont vécu un débat sur l’impeachment, la pire crise sanitaire en 60 ans, la pire crise économique en 90 ans, la pire crise sociale depuis le mouvement des droits civiques des États-Unis et une grosse crise démocratique. Malgré tout cela, l’opinion publique demeure très stable. Tant que Donald Trump ne tombe pas très malade, je ne crois pas que ce soit de nature à changer grand-chose aux intentions de vote », croit Rafaël Jacob, chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM.

En fait, « les politologues ont mesuré la chose, et il faut remonter à la guerre de Sécession pour retrouver un niveau de polarisation aussi partisane que présentement aux États-Unis », ajoute M. Jacob, faisant remarquer que le taux d’indécis a fondu chez nos voisins.

En gros, les gens ont une idée tellement arrêtée sur Donald Trump – favorable ou défavorable – que cet épisode risque peu de faire bouger beaucoup ses appuis.

Si Donald Trump s’en tire bien, ceux qui sont sceptiques face à la gravité de la COVID-19 y verront la confirmation de ce qu’ils avancent depuis le début.

Rafaël Jacob, chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM

« Et ceux qui craignent la COVID-19 ne seront pas pour autant rassurés s’il n’est pas très malade », ajoute M. Jacob.

Charles-Philippe David, président du même Observatoire sur les États-Unis, ne croit pas non plus que la maladie de Trump, aura un impact majeur, à moins, bien sûr, qu’il soit sérieusement atteint.

Certes, le fait qu’il ne pourra pas galvaniser ses troupes lors des rassemblements sur lesquels il compte tant ne l’aidera pas à remonter la pente dans les sondages, « mais sa base ne va pas l’abandonner pour autant ».

Mais s’il se remet bien, « ça pourrait peut-être un petit peu jouer en sa faveur, et il fera tout pour transformer cela à son avantage en prétendant, par exemple, que ça prouve sa bonne santé. Par contre, si la maladie frappe fort, ça apparaîtrait comme une illustration spectaculaire que sa politique sur la pandémie a été du gros n’importe quoi ».

Et Boris Johnson ?

Du côté du Royaume-Uni, la COVID-19 de Boris Johnson n’a d’ailleurs eu aucun impact sur sa popularité.

PHOTO JACK HILL, AGENCE FRANCE-PRESSE

Boris Johnson, premier ministre du Royaume-Uni

À la CBC, l’expert britannique en sondages, John Curtice, a expliqué que sa popularité avait déjà légèrement augmenté avant qu’il attrape la COVID-19, en mars. Elle a grimpé lors de son hospitalisation, puis a vite redescendu.

Tim Bale, professeur de politique à l’Université de Londres, aussi interviewé par la CBC, a pour sa part déclaré que, « de toute évidence, il y a eu beaucoup de sympathie pour l’homme, qui ne s’est traduite ensuite ni par une augmentation de sa propre popularité ni par celle de son gouvernement ».