(Fort Lauderdale) Les plans visant à faire descendre près de 250 Canadiens du MS Zaandam et de son navire jumeau, le Rotterdam, semblent se concrétiser alors que le président Donald Trump a fait une déclaration en ce sens, mercredi soir.

En conférence de presse, le président américain a annoncé aux journalistes que les ressortissants canadiens à bord des navires seraient confiés aux autorités canadiennes dès leur arrivée en Floride.

Le même traitement serait réservé aux passagers britanniques.

« Il faut aider ces gens, ils sont dans le trouble », a dit le président Trump.

La Garde côtière américaine avait pourtant ordonné dimanche à tous les navires de croisière de rester en mer, où ils pourraient être placés « indéfiniment » en isolement pendant la pandémie de coronavirus. Les croisiéristes doivent également être prêts à acheminer tout passager gravement malade dans le pays d’immatriculation du navire.

Ces directives, qui s’appliquent à tout navire transportant plus de 50 personnes, ont été décrétées le 29 mars dans une note de sécurité signée par le contre-amiral de la Garde côtière E. C. Jones, dont le secteur comprend la Floride, la Géorgie, la Caroline du Sud et Porto Rico. Mais le président Trump a déclaré mardi qu’il allait s’entretenir avec le gouverneur (républicain) de la Floride, Ron DeSantis, sur l’opportunité d’autoriser le Zaandam et le Rotterdam à s’amarrer dans cet État.

Affaires mondiales Canada a déclaré dans un communiqué que 97 passagers canadiens se trouvent à bord du Zaandam et 150 autres sur le Rotterdam. À l’heure actuelle, aucun cas de COVID-19 n’a été confirmé chez ces passagers canadiens. Le gouvernement soutient qu’il continue à collaborer avec les passagers et le croisiériste Holland America « pour coordonner le rapatriement des ressortissants canadiens au moment de leur débarquement ».

Le Zaandam, qui a pris la mer au début du mois de mars pour une croisière en Amérique du Sud, transporte les passagers et les membres d’équipage malades ; les passagers qui ne présentaient aucun symptôme ont été transférés sur le Rotterdam, un « navire jumeau » qui a été dépêché dans la région pour apporter son soutien logistique. Les deux navires ont franchi le canal de Panama et sont maintenant en route vers la Floride. Deux des quatre décès sur le Zaandam ont été imputés à la COVID-19 et neuf personnes sont infectées, a indiqué Holland America.

Un capitaine qui « a de la classe »

Catherine McLeod, une résidente d’Ottawa qui a récemment été transférée sur le Rotterdam, a raconté mercredi que le capitaine du navire est apparu sur le canal en circuit fermé mardi soir et « a proposé un toast à la santé mondiale et à notre retour à la maison en toute sécurité ». Du champagne et des friandises ont aussi été laissés devant la porte de cabine des passagers.

Mme McLeod salue d’ailleurs la « grande classe » du capitaine du Rotterdam, tout comme celle du Zaandam. « Ce gars a fait de très bons discours sur sa détermination, et celle des membres de l’équipage, pour nous sortir d’ici en bonne santé. »

Mercredi matin, le navire était au large de la côte nord-ouest de Cuba. Selon Mme McLeod, les passagers ont été informés qu’ils arriveraient en Floride jeudi matin. « On nous a dit que la Holland America organiserait notre transport vers la maison, et nous avons reçu hier un appel des services à la clientèle qui nous demandaient notre destination. » Le couple d’Ottawa garde espoir qu’il ne sera pas bloqué en mer.

Un geste humanitaire ?

Le gouverneur DeSantis a déclaré mardi que le système de santé de l’État était trop fragile présentement pour prendre en charge des malades sur le Zaandam. Le président Trump a déclaré plus tard qu’il parlerait avec l’élu républicain de Floride. « Ils meurent sur le navire. Je vais faire ce qui est bien, non seulement pour nous, mais pour l’humanité », a-t-il dit.

Près d’une trentaine de navires de croisière sont ancrés à Port Miami et Port Everglades, ou attendent au large, a rapporté le quotidien « Miami Herald ». La plupart n’ont qu’un équipage à bord, mais plusieurs transportent encore des passagers et se dirigent vers les ports du sud de la Floride. Le « Carnaval » a informé mardi l’Autorité des marchés financiers des États-Unis qu’il comptait encore plus de 6000 passagers en mer.

Dans des conditions normales, lorsqu’un passager ou un membre d’équipage tombe trop malade pour être soigné par l’équipe médicale du navire, le capitaine appelle la Garde côtière pour assurer une évacuation vers un hôpital à terre. Mais selon les nouvelles directives du 29 mars, les passagers malades seraient confinés indéfiniment à bord, « car les installations médicales à terre peuvent atteindre leur pleine capacité et ne plus pouvoir accepter et traiter efficacement d’autres patients gravement malades », explique la Garde côtière américaine.

Le document exige que tous les navires mouillant en eaux américaines déclarent chaque jour le nombre de malades et de morts à bord, sans quoi ils s’exposent à des sanctions civiles ou des poursuites pénales. Les navires de croisière qui comptent des passagers malades doivent consulter la Garde côtière, qui peut désormais recommander de maintenir la personne à bord. Elle peut aussi admettre qu’un transfert est absolument nécessaire, mais le croisiériste serait alors responsable de l’organisation du transport à terre et de l’hospitalisation du malade.