Donald Trump a fait monter la pression d'un cran dans l'enquête russe en s'en prenant mardi au procureur indépendant Robert Mueller «devenu hors de contrôle», alors que celui-ci resserre l'étau sur les anciens collaborateurs du président américain.

Cet accès de colère intervient au lendemain de l'incarcération de George Papadopoulos, éphémère conseiller diplomatique de M. Trump en 2016, et de nouvelles accusations contre l'ex-directeur de campagne du candidat républicain Paul Manafort, déjà jugé coupable d'association de malfaiteurs et d'obstruction à la justice.  

Ces révélations concernant M. Manafort semblent montrer la détermination du procureur spécial de trouver d'éventuelles preuves d'une collusion entre la Russie et l'équipe de campagne de Donald Trump, qui aurait favorisé la victoire du candidat républicain en novembre 2016.

Selon les médias, M. Mueller serait proche de conclure son enquête après avoir reçu les réponses écrites du président américain qu'il attendait depuis plusieurs mois.

«Mueller et sa bande de démocrates en colère ne regardent qu'un côté, pas l'autre. Attendez que soit révélée la façon horrible et vicieuse dont ils traitent les gens, ruinant leur vie parce qu'ils refusent de mentir», a menacé sur Twitter le président Trump, qui a plusieurs fois accusé le procureur de partialité.

Robert Mueller est «devenu hors de contrôle» et «fait un mal IMMENSE à notre système judiciaire», a-t-il jugé, dénonçant une nouvelle fois une «chasse aux sorcières».

L'enquête, tentaculaire, s'est étendue depuis 18 mois avec des soupçons d'entrave à la justice visant M. Trump mais, jusqu'ici, aucune preuve directe n'a été dévoilée et le président réclame la fin rapide de cette enquête qui empoisonne son mandat. 

«Le président a fait part de son mécontentement depuis le début» de l'enquête et «nous aimerions bien qu'elle se termine», a expliqué la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Huckabee Sanders. 

Mais les enquêteurs semblent vouloir garder la main sur M. Manafort qui, par sa position de chef de campagne, n'aurait pas pu ignorer des contacts avec des responsables russes. 

La justice américaine l'accuse désormais d'avoir menti au FBI alors qu'il avait décidé de coopérer en échange d'un accord de plaider-coupable. Les avocats de M. Manafort, qui encourt au moins 10 ans de réclusion dans cette procédure distincte de celle où il a été reconnu coupable et attend sa sentence,, ont réfuté cette affirmation. 

Rencontre avec Assange

Le quotidien britannique The Guardian a par ailleurs affirmé mardi que Paul Manafort avait rencontré «secrètement» le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, à Londres entre 2013 et 2016. La dernière rencontre aurait eu lieu «autour de mars 2016», le mois même où M. Manafort rejoignait l'équipe de M. Trump. 

Le juillet suivant, le site internet avait diffusé près de 20 000 messages électroniques internes de l'équipe d'Hillary Clinton piratés par des hackers russes, ce qui avait perturbé la campagne de la candidate démocrate. 

M. Manafort a fermement démenti ces informations «totalement fausses et volontairement diffamatoires», affirmant dans un communiqué n'avoir «jamais rencontré Julian Assange ou quiconque lié à lui».

WikiLeaks a également démenti les affirmations du journal, alors que Julian Assange fait l'objet de poursuites aux États-Unis dont les chefs d'inculpation n'ont pas été révélés mais qui pourraient être liés à la présidentielle de 2016. 

Cette rencontre aurait pu «offrir une occasion parfaite de coordonner les fuites», a réagi sur Twitter le sénateur démocrate Richard Blumenthal, évoquant «une pièce potentiellement fondamentale dans le puzzle de la collusion». 

Robert Mueller, ancien directeur respecté du FBI, est resté silencieux depuis le début de l'enquête qui a débouché sur une trentaine d'inculpations et plusieurs condamnations. 

Au début du mois, M. Trump a provoqué des inquiétudes sur une possible reprise en main de cette investigation, en limogeant son procureur général Jeff Sessions et en le remplaçant par Matthew Whitaker, qui a dans le passé critiqué l'étendue de l'enquête russe. 

Mais Sarah Huckabee Sanders a assuré mardi que le président n'avait «aucune intention de faire quelque chose» pour bloquer l'enquête. 

Selon certains commentateurs, les conclusions du procureur spécial pourraient être sévères pour Donald Trump. 

Ce rapport va être «politiquement très accablant» pour le président, a estimé dimanche sur ABC le constitutionnaliste Alan Dershowitz - qui se porte souvent à la défense due M. Trump - tout en écartant la possibilité de poursuites pénales. 

Donald Trump doit aussi faire face à une chambre basse du Congrès désormais dominée par les démocrates, qui sont prêts à lancer des enquêtes parlementaires dans ce dossier.