Un rapport de l'administration Obama a fustigé mercredi de «graves erreurs» des autorités américaines dans la conduite d'une opération contre le trafic d'armes au Mexique qui avait tourné au fiasco, écartant toutefois la responsabilité du ministre de la Justice Eric Holder.

L'opération «Fast and Furious» avait abouti en 2009 à la perte des quelque 2000 armes que l'Agence fédérale sur l'alcool, le tabac et les armes (ATF) avait fait passer en contrebande au Mexique avec l'objectif de piéger des membres de cartels mexicains en les suivant à la trace.

Le rapport publié mercredi par l'inspecteur général Michael Horowitz du ministère de la Justice relève une «série de graves erreurs» de responsables de l'ATF, du bureau du procureur de l'Arizona responsable de l'enquête et du ministère de la Justice.

Il appelle ce ministère à «déterminer quelle sanction ou mesure administrative» prendre dcontre une quinzaine de personnes.

Le rapport de plus de 500 pages constate cependant que le ministre de la Justice lui-même Eric Holder n'a «pas été informé» de l'opération «Fast and Furious» ni sur les «tactiques employées par ATF dans l'enquête, avant le 31 janvier 2011», soit deux ans après les faits, selon un compte-rendu du rapport envoyé à l'AFP.

La Chambre des représentants avait voté en juin la défiance contre M. Holder, qui avait refusé de remettre un certain nombre de documents relatifs à une enquête parlementaire sur l'opération. Il n'avait toutefois pas été poursuivi au pénal malgré les pressions d'une commission parlementaire.

Dans son rapport, M. Horowitz juge toutefois «troublant qu'une affaire de cette importance, qui a affecté le Mexique de manière si significative, n'ait pas été rapportée directement au ministre de la Justice».

Dans un communiqué distinct, Eric Holder a immédiatement annoncé de «potentielles sanctions personnelles» à l'encontre des personnes visées par le rapport. Il s'est toutefois félicité de la cohérence des conclusions du rapport avec ce qu'il avait dit depuis plusieurs mois. Il a en outre précisé avoir accepté la démission d'un des hauts responsables de son ministère que le rapport accuse d'avoir été au courant de l'opération dès avril 2010 et d'avoir négligé d'en informer ses supérieurs.

«Il est temps que le président Obama intervienne et que les responsables du ministère et de l'ATF qui ont fait des erreurs professionnelles rendent des comptes», a réclamé Darrell Issa, président républicain de la commission du Congrès qui avait initié l'enquête.

Le rapport de M. Horowitz fustige les «stratégies et tactiques malencontreuses, erreurs de jugement et de gestion au siège et au bureau de Phoenix de l'ATF ainsi qu'au bureau du procureur de l'Arizona et au ministère de la Justice» à Washington.

Au moins 122 des armes perdues au Mexique dans le cadre de l'opération avaient finalement été utilisées pour perpétrer des crimes au Mexique, et deux avaient été retrouvées sur la scène du meurtre d'un garde-frontière américain en Arizona, selon un précédent rapport.