Les difficultés rencontrées par Barack Obama pour fermer le camp de Guantanamo semblent avoir fait leur victime la plus éminente vendredi en la personne du conseiller du président américain pour les questions juridiques.

Greg Craig a démissionné vendredi de ce poste capital après s'être débattu pendant des mois avec la promesse de l'administration Obama de rompre avec les excès de l'ère Bush en matière de lutte contre le terrorisme. M. Craig est le plus haut responsable de l'administration Obama à abandonner ses fonctions à ce jour. M. Obama a annoncé la nouvelle dans un communiqué alors qu'il se trouvait au Japon, peut-être pour en minimiser l'impact politique.

M. Craig sera remplacé d'ici à la fin de l'année par Bob Bauer, un avocat démocrate qui a défendu les intérêts de M. Obama pendant des années.

La Maison-Blanche a démenti que la démission de M. Craig, objet de spéculations depuis des mois, ait à voir avec le fait que l'engagement pris par M. Obama de fermer Guantanamo d'ici à janvier 2010 risquait fortement de ne pas être tenu.

Dans le communiqué de M. Obama aussi bien que dans la lettre de démission de M. Craig qui y est jointe, la seule raison invoquée est le souhait du conseiller de retourner dans le secteur privé.

Mais M. Craig a démissionné précisément le jour où l'administration annonçait que les cinq hommes accusés d'avoir organisé les attentats du 11-Septembre, seraient jugés devant un tribunal de droit commun à New York, une décision importante aussi en ce qui concerne Guantanamo, où ils sont prisonniers.

Le conseiller aux affaires juridiques n'est pas le personnage le plus visible à la Maison-Blanche, mais il y joue un rôle capital, conseillant le président sur tous les aspects juridiques de ses décisions, supervisant d'importantes nominations et, le cas échéant, défendant le président contre les plaintes portées contre lui.

À ce titre, M. Craig a été aux avant-postes du combat mené pour tenir l'une des toutes premières promesses de M. Obama, et l'une des plus retentissantes: la fermeture de Guantanamo, érigé en symbole des abus du combat américain contre le terrorisme.

L'administration reconnaît elle-même aujourd'hui qu'elle aura du mal à honorer cet engagement.

M. Craig a été montré du doigt pour ne pas avoir mieux géré cette affaire et n'avoir pas prévu les résistances du Congrès, inquiet qu'avec la fermeture, des suspects de terrorisme ne se retrouvent sur le sol américain.

La presse a rapporté qu'il avait été déchargé de la responsabilité du dossier au profit de Peter Rouse, haut conseiller de M. Obama et grand connaisseur du Congrès. L'administration dément et fait valoir que Guantanamo est une responsabilité collective.

M. Craig a aussi pris une part essentielle dans certaines des décisions les plus marquantes de M. Obama: l'interdiction de la torture et sa décision de ne pas publier les photos de sévices infligés à des prisonniers.

M. Craig, un partisan de la première heure de M. Obama dans sa course à la présidence, passait pour avoir accepté de mauvais gré le poste de conseiller aux affaires juridiques.

Sa préférence allait à la politique étrangère. Mais son engagement en faveur de M. Obama et contre Hillary Clinton dans la compétition pour l'investiture démocrate à la présidentielle, alors qu'il avait appartenu à l'administration Clinton, pourrait l'avoir desservi quand Mme Clinton a pris la tête de la diplomatie américaine.