Le président américain George W. Bush va laisser en héritage à son successeur Barack Obama d'excellentes relations avec la Chine, a assuré jeudi à Pékin le numéro deux de la diplomatie américaine.

«Les relations entre les Etats-Unis et la Chine ne se sont jamais aussi bien portées», a déclaré le secrétaire d'Etat adjoint John Negroponte au deuxième et dernier jour d'une visite placée sous le signe de la célébration du 30e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques.La Chine a approuvé cette déclaration par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères: «On arrive naturellement à cette conclusion, si l'on passe en revue les progrès des trois dernières décennies», a déclaré Qin Gang.

Lors de son arrivée à la Maison Blanche, il y a huit ans, George W. Bush avait qualifié la Chine de «concurrent stratégique», mais, selon les analystes, il avait été obligé de changer de stratégie pour gagner les faveurs du géant asiatique après les attentats du 11 septembre.

Jeudi, John Negroponte a pris l'exemple du dossier nord-coréen pour illustrer son propos.

«Le fait que nous ayons établi un mécanisme à six pour gérer la dénucléarisation de la péninsule coréenne sera un autre legs de cette administration et de nos deux gouvernements», a-t-il jugé.

Lancées en 2003, les négociations réunissent, outre les Etats-Unis et la Chine, la Corée du Nord, la Corée du Sud, le Japon et la Russie. Même si les discussions sont actuellement dans l'impasse, le régime de Pyongyang a accepté le principe de la dénucléarisation.

M. Negroponte est le dernier membre de l'administration Bush à se rendre en Chine avant la prise de fonction de Barack Obama le 20 janvier comme président américain. Il a remplacé la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, qui a annulé son voyage en raison du conflit israélo-palestinien à Gaza.

M. Negroponte a appelé la prochaine administration Obama à conserver les mécanismes de dialogue mis en place par George W. Bush, comme le dialogue économique stratégique (DES) bilatéral.

«Le gouvernement de la République populaire de Chine cherche certainement à travailler avec la prochaine administration et souhaite entamer le dialogue avec notre nouveau gouvernement le plus vite possible», a-t-il dit.

Selon certains experts, la relation entre Washington et Pékin, sous Obama, devrait être relativement sereine au moment où Washington aura un besoin accru de coopération, notamment sur le front économique, avec une Chine de plus en plus puissante.

Si le président-élu américain a pu critiquer lors de sa campagne les pratiques commerciales chinoises, jamais il ne l'a fait en termes durs. Et ses discours n'ont pas non plus comporté d'attaques particulièrement virulentes contre la Chine, contrairement à trois de ses quatre prédécesseurs depuis les années 80: George W. Bush, Bill Clinton et Ronald Reagan -- George Bush père ayant fait exception.

Malgré tout, des tensions demeurent, que ce soit sur la question de Taïwan, avec le soutien militaire américain à l'île nationaliste, les inquiétudes de Washington quant à une expansion militaire de la Chine, ou dans le domaine commercial.

Washington reproche notamment à Pékin de maintenir sous-évaluée sa monnaie, le yuan, ce qui avantage les exportations chinoises. Près de la moitié du déficit commercial américain découle du déficit des échanges du pays avec la Chine.

Enfin, la question des droits de l'Homme, qui était une importante pomme de discorde sous l'administration de Bill Clinton, reste un sujet sensible entre les deux pays.

La première puissance mondiale et le géant asiatique ont établi des relations diplomatiques le 1er janvier 1979 après que Washington eut décidé de reconnaître Pékin sur la scène internationale en lieu et place de son ancien allié Taïwan, dirigé par les nationalistes après leur défaite sur le continent face aux communistes en 1949.