«Ils seront effacés de la surface de la Terre» : les séparatistes prorusses ont adressé mardi un ultimatum aux gardes-frontières ukrainiens retranchés dans leur base de Lougansk.

Cette cité de l'Est de l'Ukraine, bastion de l'insurrection, a des airs de ville fantôme après les intenses combats du début de semaine.

Depuis lundi au petit matin, les militaires sont assiégés par les insurgés et ont pour l'instant résisté au prix d'affrontements qui ont fait plusieurs morts parmi les assaillants et sept blessés parmi les gardes-frontières.

Après une nuit d'accalmie, le numéro un de la «République populaire de Lougansk» autoproclamée par les prorusses, Valeri Bolotov, leur a adressé un ultimatum: «S'ils se rendent avant 17 heures (10h00 heure du Québec), nous accepterons leur capitulation. Dans le cas contraire, ils seront effacés de la surface de la Terre», a-t-il déclaré mardi à des journalistes.

Une heure après l'expiration de l'ultimatum, le calme régnait autour du bâtiment des gardes-frontières, sur lequel flotte le drapeau ukrainien. Et les combattants prorusses étaient invisibles.

«Jusqu'à (lundi) soir, ils occupaient des positions autour des immeubles en face de celui des garde-frontières et sur les toits. Ils avaient des mitrailleuses lourdes et des lance-roquettes», raconte Serguiï, qui a assisté aux affrontements.

«Ils avaient des tireurs embusqués sur les toits. L'un d'entre eux a été tué par les gardes-frontières. Je l'ai vu quand on l'a évacué. Il avait été touché à la tête», ajoute-t-il.

Le bâtiment des gardes-frontières a le toit arraché en plusieurs endroits, une partie a brûlé et les murs portent de nombreux impacts qui témoignent de l'intensité des combats. L'attaque déclenchée par les prorusses a commencé à l'aube et s'est poursuivie jusqu'au soir.

Les immeubles d'habitation, qui se trouvent de l'autre côté de la rue, portent eux aussi des impacts de balles et une dizaine de véhicules ont brûlé sur le stationnement voisin.

Mardi, profitant de l'accalmie, quelques habitants se promenaient en observant les dégâts. «Dans la matinée, certains ont ramassé des sacs pleins de douilles autour des immeubles, là où se trouvaient les combattants», raconte Serguiï.

- Le centre-ville déserté -

De nombreux habitants de ces immeubles de dix étages situés à la périphérie de Lougansk semblent avoir quitté les lieux. «Il n'y a plus personne, sauf ceux qui n'ont pas où aller. Qui a envie de rester là quand ça tire», s'exclame Nikolaï, accompagné de son enfant d'une dizaine d'années.

«Ils ont tiré jusqu'à 22 heures hier. On s'est dit que ça allait être terrible et qu'il valait mieux s'en aller. On a rassemblé nos affaires et on est parti en 10 minutes. Nous venons de rentrer parce que ça a l'air tranquille. Mais rien ne fonctionne. Au marché, il n'y a pas un vendeur, tout est fermé», poursuit-il.

L'emplacement du bâtiment des gardes-frontières semble interdire l'envoi de renforts de la part des forces ukrainiennes.

Un porte-parole militaire à Kiev, Oleksiï Dmytrachkivskiï, a d'ailleurs déclaré que les autorités n'étaient pas en mesure d'aider les gardes-frontières autrement que par un soutien aérien, comme cela a été le cas lundi.

Difficile dans ces conditions d'envisager que la résistance des gardes-frontières puisse durer longtemps

À Lougansk, cité de 450 000 habitants, la plupart des magasins étaient fermés mardi et le centre-ville quasiment désert.

Une alerte aérienne a été déclenchée dans l'après-midi, sans qu'aucun avion ne survole la ville.

La veille, selon la «République de Lougansk», une frappe aérienne sur le QG des rebelles prorusses a fait huit morts et 13 blessés. Les autorités de Kiev ont démenti avoir bombardé le bâtiment et accusé les prorusses d'être à l'origine de l'explosion.

Elles ont reconnu avoir opéré à des frappes dans la région, mais contre des barrages routiers des insurgés.