La Corée du Sud a effectué lundi de brêves manoeuvres militaires à tirs réels sur une île récemment bombardée par la Corée du Nord, qui malgré ses menaces de riposte a dit ne pas «ressentir le besoin de représailles».

Les exercices militaires sur l'île de Yeonpyeong, démarrés vers 5h30 (0h30, heure de Montréal), se sont achevés moins de deux heures plus tard, a indiqué le ministère sud-coréen de la Défense.

Dans une déclaration en provenance de Pyongyang, la première depuis le déroulement de ces exercices militaires, l'armée nord-coréenne a estimé que cela ne valait «pas des représailles».

La Corée du Nord «ne ressent pas le besoin de représailles après chaque provocation militaire méprisable, comme le ferait quelqu'un cherchant vengeance après avoir pris un coup», selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA.

Pyongyang avait promis un «désastre» si la Corée du Sud ne renonçait pas à ses manoeuvres militaires sur Yeonpyeong.

La Chine, seul alliée de poids du régime communiste de Pyongyang, a lancé lundi un appel au calme et critiqué implicitement l'action de Séoul, déclarant que «nul n'a le droit de susciter ou de prêcher pour un conflit».

Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Cui Tiankai, s'est cependant gardé de condamner directement Séoul ou de tancer Pyongyang sur une éventuelle réaction belliqueuse aux exercices sud-coréens.

«Nul n'a le droit de susciter ou de prêcher pour un conflit ou une guerre, et nul n'a le droit de provoquer des effusions de sang entre les peuples du nord et du sud de la péninsule», a dit M. Cui en réponse à une question sur la réaction de la Chine après les manoeuvres de l'armée de Séoul.

Selon l'agence Interfax, la diplomatie russe juge que ces manoeuvres représentent une menace pour la stabilité de la péninsule coréenne.

«La péninsule était au bord d'un conflit armé (lorsque les forces nord-coréennes ont bombardé Yeonpyeong fin novembre), c'est pourquoi toutes les parties doivent faire preuve de la plus grande retenue et renoncer à toute action pouvant provoquer une escalade», a indiqué une source diplomatique russe.

«Nous estimons que les manoeuvres conduites avec des tirs réels ne répondent pas à cet objectif», a-t-elle ajouté.

La veille, au Conseil de sécurité, la Chine avait rejeté les demandes des pays occidentaux pour qu'une condamnation soit incluse dans la déclaration sur la Corée du Nord et son bombardement de Yeonpyeong, selon des diplomates de l'ONU.

Quelque huit heures de discussions formelles par les quinze pays membres du Conseil et des discussions privées avec les ambassadeurs nord et sud-coréens s'étaient terminées sans accord sur la rédaction d'une déclaration finale.

En visite à Pyongyang depuis jeudi, le gouverneur du Nouveau-Mexique Bill Richardson aurait obtenu des dirigeants de Pyongyang le retour des inspecteurs de l'ONU chargés de surveiller les sites nucléaires, a annoncé CNN lundi.

Ce proche du président Barack Obama et ancien diplomate de haut rang s'envolera mardi pour Pékin, son vol prévu lundi ayant été annulé.

La Corée du Nord avait retiré tous les équipements de surveillance du site de Yongbyon en avril 2009 et demandé aux inspecteurs de quitter le pays.

Sur l'île de Yeonpyeong et de quatre îles environnantes, les civils (habitants, fontionnaires et journalistes) ont passé une bonne partie de la journée dans des abris, sur ordre de l'armée.

Les tirs de 170 obus de la Corée du Nord sur Yeonpyeong le 23 novembre avaient causé la mort de quatre Sud-coréens, deux soldats et deux civils.

Il s'agissait des premiers bombardements sur des zones civiles depuis la fin de la guerre de Corée (1950-53).

L'île de Yeonpyeong se trouve en mer Jaune, près de la limite maritime fixée par l'ONU après la guerre de Corée. Pyongyang conteste cette limite, estimant qu'elle a été tracée trop au nord