Barack Obama a tenté de rassurer le premier ministre japonais Shinzo Abe, assurant que la collecte américaine de renseignements était extrêmement ciblée, à la suite d'informations de WikiLeaks selon lesquelles Washington aurait espionné des hommes politiques japonais.

Lors d'une conversation téléphonique, mardi avec le dirigeant japonais, le président américain a indiqué à son interlocuteur que la collecte de renseignements était «centrée sur la sécurité nationale et ciblée de manière aussi étroite que possible», a indiqué l'exécutif américain dans un communiqué, qui ne donne aucune indication précise sur les personnes visées.

Le gouvernement japonais avait donné auparavant un compte-rendu sensiblement différent de cet appel téléphonique, évoquant des excuses de M. Obama. «Le président Obama a dit qu'il était extrêmement désolé (...) car cette affaire a déclenché un grand débat au Japon», a déclaré son porte-parole, Yoshihide Suga, ajoutant que M. Abe avait exprimé de sérieuses préoccupations au sujet de cette affaire.

Le gouvernement japonais avait déjà jugé début août que si l'espionnage était confirmé, il était «profondément regrettable», une réaction largement considérée comme très en retrait par rapport à la colère exprimée par la France et l'Allemagne à la suite d'allégations similaires.

Le site spécialisé dans la publication de documents confidentiels WikiLeaks avait rapporté le 31 juillet que les États-Unis avaient espionné de hauts responsables du gouvernement japonais et d'entreprises nippones ainsi que le gouverneur de la banque centrale.

Le Japon est un allié très proche des États-Unis et les deux pays s'entretiennent régulièrement sur les questions de défense. Contrairement à la chancelière allemande Angela Merkel et au président français François Hollande, le premier ministre japonais n'a pas semblé, selon WikiLeaks, être une cible directe d'écoutes américaines.

MM. Abe et Obama «collaboreront activement sur les questions économiques», a par ailleurs affirmé M. Suga sans plus de précision, dans une allusion aux remous des places financières mondiales provoqués ces derniers jours par des inquiétudes sur la situation économique de la Chine.

Lors de cet appel, M. Obama a une nouvelle fois salué la déclaration de Shinzo Abe à l'occasion du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et l'a «encouragé à poursuivre ses efforts pour promouvoir la réconciliation».

M. Abe a exprimé le 14 août ses «condoléances éternelles» pour les victimes de la guerre et qualifié d'«inébranlables» les excuses passées du Japon sans toutefois prononcer de nouvelles excuses. Il a également appelé à en exempter dorénavant les générations d'après-guerre, s'attirant de vives critiques de Pékin, Pyongyang et Séoul.

Les voisins asiatiques de l'archipel ont souffert du colonialisme japonais et des exactions de l'armée impériale pendant la première moitié du 20e siècle.