Le bilan des morts du séisme qui a frappé Haïti le 12 janvier, a franchi le seuil des 110 000 morts selon des chiffres communiqués vendredi par les autorités à Port-au-Prince, où des distributions de vivres soulageaient enfin une population affamée.

Le bilan s'élève désormais à 111 499 morts, a indiqué le ministère de l'Intérieur haïtien. Le précédent bilan faisait état de 75 000 morts.

En outre, la catastrophe a fait 190 000 blessés et 55.000 familles ont été sinistrées, toujours selon le gouvernement haïtien.

Au fur et à mesure que le décompte des morts augmente, celui des survivants extraits des décombres se fait de plus en plus épars. Car dix jours après la secousse, extraire une personne en vie des ruines relève de l'extraordinaire.

Un jeune homme de 22 ans a pourtant été retiré vendredi des décombres d'un bâtiment proche du palais présidentiel par une équipe de secours de l'armée israélienne. Il a été transporté dans un «état stable» à l'hôpital de campagne des forces israéliennes en Haïti.

Un peu plus tôt, c'était Marie Carida Roman, 84 ans, que des voisins et amis ont extraite des ruines de sa maison. La vieille dame, très affaiblie, a été hospitalisée, puis transférée à bord d'un navire-hôpital de l'armée américaine qui mouille au large de Port-au-Prince.

Les traces de la tragédie restaient omniprésentes dans la ville. Le gouvernement a estimé vendredi à 11 000 le nombre d'habitations détruites.

Rue du centre, en plein coeur de la capitale, au moins trois dépouilles carbonisées posées sur un tas de poubelles en feu se consumaient vendredi.

«Nous avons décidé de les brûler. Personne ne venait les ramasser, ça puait», a expliqué un riverain.

Alors que Port-au-Prince était encore secouée tôt vendredi par deux répliques sismiques, d'importantes distributions d'aide alimentaire ont été organisées dans le centre ville au profit de milliers de sinistrés.

Selon le gouvernement haïtien, près de 610 000 personnes ont été hébergées dans quelque 500 camps installés dans des endroits de fortune.

Place du Champ de Mars, où quelque 10 000 rescapés vivent sous la tente dans des conditions d'hygiène abominables, des militaires de la Mission de stabilisation de l'ONU en Haïti (Minustah) ont distribué à une cadence effrénée 22.000 litres d'eau et 10 tonnes de nourriture.

La nourriture a été écoulée en deux heures, l'eau en quatre. «Il n'y a pas assez d'aide, elle n'arrive pas assez vite», a déploré Jean-Félix Louis, un maçon reparti bredouille.

L'acheminement de l'aide devrait cependant s'améliorer. Le port de Port-au-Prince est partiellement opérationnel ainsi que 30% des stations-service, a indiqué l'ONU.

Ailleurs, des dizaines d'Haïtiens attendaient un des 34 cars gratuits promis par le gouvernement pour leur permettre de quitter la capitale en ruines.

«Il n'y a rien à faire là où je vais, mais au moins je pourrai manger. Dans la capitale, il n'y a plus rien», expliquait Ronald Jean Frite, 25 ans.

Au Canada, un premier groupe d'enfants haïtiens adoptés par des familles canadiennes arrivera ce week-end, a annoncé le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, qui espérait l'arrivée de 86 d'entre eux.

En France, 33 enfants sont arrivés vendredi soir à Paris en présence de l'épouse du président de la République, Carla Bruni, en pleine polémique sur le sort de ces enfants adoptés. L'Unicef a en effet averti qu'une quinzaine d'enfants avaient disparu d'hôpitaux haïtiens après le séisme et que les réseaux de traite d'enfants liés au «marché de l'adoption» étaient souvent actifs après des catastrophes.

Lundi, les «pays amis» d'Haïti, dont les Etats-Unis, la France et le Brésil, tiendront à Montréal une réunion d'urgence pour coordonner leur aide et pour préparer une conférence sur la reconstruction du pays, en mars.

Washington joue un rôle prépondérant dans l'organisation des secours. Les militaires américains devraient être près de 20.000 dimanche en Haïti et au large de l'île.