Ben Laden n'est pas mort dans une caverne de Tora Bora, mais bien au Pakistan. C'est la preuve, a martelé le président Hamid Karzaï, que l'OTAN se trompe de cible en Afghanistan.

Et c'est aussi ce que pourrait se dire un nombre croissant d'Américains qui sont de plus en plus critiques envers l'intervention militaire en Afghanistan.

«Selon les derniers sondages, la moitié des Américains doutent de l'efficacité de l'intervention militaire en Afghanistan et souhaite le rapatriement des soldats, rappelle Julien Tourreille, chercheur à la chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques. Les Américains pourraient aujourd'hui ne pas voir l'utilité de poursuivre l'opération.» Le rapatriement des troupes américaines en Afghanistan doit d'ailleurs débuter cet été. «Il sera intéressant de voir le rythme de ce retrait», note M. Tourreille.

Mauvaise cible

En Afghanistan, le président Hamid Karzaï a estimé que la présence de ben Laden au Pakistan prouve que ses alliés occidentaux se trompent de cible en intervenant dans son pays. Les bases du «terrorisme» ne se trouvent pas en Afghanistan, a-t-il déclaré hier.

«Chaque jour, depuis des années, nous avons dit que la guerre contre le terrorisme ne devait pas être menée contre le peuple pauvre et opprimé d'Afghanistan», a déclaré M. Karzaï. Elle doit être «dirigée contre ses sources financières, ses refuges et ses bases d'entraînement, qui ne sont pas en Afghanistan».

Les talibans demeurent

Peu importe, les Occidentaux disent ne pas avoir l'intention de quitter l'Afghanistan avant d'avoir maté ceux qui avaient hébergé ben Laden entre 1996 et 2001.

Les talibans afghans doivent abandonner Al-Qaïda, a déclaré la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton. «Vous ne pouvez pas attendre que nous partions, vous ne pouvez pas l'emporter sur nous, mais vous pouvez faire le choix d'abandonner Al-Qaïda.»

Les pays engagés en Afghanistan ont également réaffirmé leurs convictions hier. La France a noté qu'il restait «encore un long chemin à faire» avant que la sécurité soit rendue aux Afghans.

Les porte-parole des talibans, eux, n'ont pas commenté la nouvelle. Dans leur fief de Kandahar, au sud du pays, des Afghans interrogés par l'agence de presse Reuters ont dit douter que la mort de ben Laden ait un effet sur l'insurrection talibane.

«Maintenant, ben Laden est le martyr numéro un d'Al-Qaïda, parce qu'il est plus fort mort que vivant», a dit un homme qui n'a pas voulu se nommer. «Il avait toujours dit qu'il allait être tué par les Américains. Maintenant, il sera un phare que des générations de musulmans suivront.»

Avec AFP et Reuters