Le candidat républicain à la présidentielle aux États-Unis, Donald Trump, s'en est pris violemment samedi au père d'un soldat américain musulman tué en Irak et qui avait étrillé le milliardaire lors de la convention démocrate d'investiture de Hillary Clinton.

Khizr Khan, un avocat dont le fils Humayun était capitaine de l'armée de Terre et est mort au combat en 2004 en Irak, avait lancé jeudi un vibrant plaidoyer en faveur de Mme Clinton en dénonçant les propos de campagne anti-musulmans et anti-immigrés de M. Trump.

«Vous n'avez rien sacrifié, vous n'avez perdu personne», avait lancé M. Khan à l'adresse du candidat républicain, sous les «USA, USA!» scandés par la convention du parti démocrate réunie cette semaine à Philadelphie (Pennsylvanie).

«Donald Trump passe son temps à salir la réputation des musulmans. Il manque de respect à d'autres minorités: les femmes, les juges, et même les responsables de son propre parti. Il aime construire des murs et veut nous bannir de ce pays», avait-il accusé.

La courte intervention de Khizr Khan, qui a émigré avec son épouse du Pakistan il y a plusieurs décennies et a depuis été naturalisé, fut l'une des plus mémorables de la convention.

L'intéressé a sèchement répliqué, selon des extraits publiés samedi d'une interview qui doit être diffusée dimanche sur la chaîne ABC.

«Qui a écrit ça? Ce sont les plumes d'Hillary qui ont rédigé ça?», s'interroge le candidat républicain à la Maison-Blanche.

Et M. Trump se vante ensuite d'avoir «fait beaucoup de sacrifices».

«Je travaille très, très dur. J'ai créé des milliers et des milliers d'emplois, des dizaines de milliers d'emplois, j'ai construit de grandes structures, j'ai eu un très grand succès. Je crois que j'en ai fait beaucoup», se targue encore l'homme d'affaires.

Il s'en est aussi pris à la mère du soldat, qui était restée silencieuse à côté de son mari lors son intervention.

«Si vous regardez sa femme, elle se tenait debout là-bas, elle n'avait rien à dire. Elle n'avait probablement pas le droit de dire quoi que ce soit», a dit M. Trump sur ABC.

Hillary Clinton a réagi samedi par communiqué pour défendre la mère, Ghazala Khan.

«J'ai été très émue de voir Ghazala Khan se tenir courageusement et dignement sur la scène en soutien à son fils jeudi soir», a-t-elle déclaré.

«Tous les Américains doivent soutenir les Khan et toutes les familles qui ont perdu des enfants morts au service de leur pays», a-t-elle ajouté, sans citer Donald Trump.