Avant de larguer ses premières bombes en Syrie mercredi, le Canada a formellement avisé le Conseil de sécurité des Nations unies de son intention de frapper des cibles du groupe armé État islamique (EI) sur le territoire syrien.

L'avis a été remis aux membres du Conseil de sécurité le 31 mars, soit moins de 24 heures après que le gouvernement Harper eut adopté une motion à la Chambre des communes visant à prolonger d'un an la mission des soldats canadiens en Irak et à élargir les frappes aériennes au territoire syrien, a appris La Presse.

Dans une lettre qu'il a également transmise au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le gouvernement canadien invoque ainsi l'article 51 de la Charte des Nations unies - qui porte sur le droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective - pour justifier sa décision de prendre part aux frappes aériennes en Syrie, même s'il n'a pas obtenu le consentement du régime syrien.

Des avions de chasse des Forces armées canadiennes ont participé à une toute première mission de bombardement contre l'EI en Syrie mercredi, soit environ une semaine après que le Canada eut informé le Conseil de sécurité de ses intentions.

«Conformément à l'article 51 de la Charte des Nations unies, la présente vise à informer le Conseil de sécurité que le Canada prend les mesures nécessaires et proportionnées en Syrie afin d'appuyer la légitime défense collective de l'Irak», affirme l'ambassadeur et représentant permanent adjoint du Canada auprès de l'ONU, Michael Grant, dans sa lettre.

Les États-Unis avaient invoqué le même article auprès des membres du Conseil de sécurité en septembre avant d'entreprendre des frappes aériennes contre des cibles de l'EI en Syrie. Washington affirmait en outre que le régime de Bachar al-Assad n'avait pas la volonté ou la capacité d'empêcher des attaques contre l'Irak en provenance de son territoire.

L'ONU prévenue le lendemain

Quelques jours avant le vote sur la motion visant à prolonger la mission militaire, le chef du NPD, Thomas Mulcair, avait demandé au premier ministre Stephen Harper si le Canada avait aussi justifié auprès de l'ONU, comme l'avait fait Washington, ses intentions en Syrie. L'ONU a finalement été prévenue le lendemain de l'adoption de la motion. Le NPD et le Parti libéral ont voté contre cette motion, affirmant notamment que cela pourrait permettre au régime sanguinaire de Bachar al-Assad de consolider son pouvoir.

«Le gouvernement de l'Irak a demandé aux États-Unis de diriger les efforts internationaux visant à mener des frappes contre les sites et les bastions militaires de l'EI en Syrie, et ce, afin de mettre fin aux attaques incessantes contre l'Irak, de protéger les citoyens irakiens et, ultimement, de permettre aux forces irakiennes de reprendre le contrôle des frontières de l'Irak. Les efforts de la coalition internationale ont réussi à réduire les capacités de l'EI et à restreindre ses opérations, mais il reste encore beaucoup à faire», affirme l'ambassadeur Grant dans la lettre.

Il ajoute que l'EI continue de représenter une menace non seulement pour l'Irak, mais aussi pour le Canada et ses citoyens, le groupe terroriste ayant explicitement nommé le Canada comme une cible à attaquer par ses combattants.

«Les opérations militaires que mène le Canada contre l'EI en Syrie visent à affaiblir la capacité de ce groupe à mener des attaques. Elles ne ciblent pas la Syrie ou sa population et ne visent pas à appuyer le régime syrien», ajoute M. Grant.

- Avec La Presse Canadienne