Le Canada a joint sa voix à celles des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne pour dénoncer les velléités nucléaires de l'Iran.

Dans une conférence de presse commune, le président américain Barack Obama, le premier ministre britannique Gordon Brown et le président français Nicolas ont manifesté leur inquiétude et réclamé que l'Iran ouvre aux inspecteurs internationaux les portes du nouveau centre d'enrichissement nucléaire, dont l'existence a été révélée plus tôt cette semaine.

Lisant une déclaration commune, vendredi matin à Pittsburgh, le président Obama a jugé que l'Iran «viole les règles que toutes les nations doivent suivre, mettant en danger le régime de la non-prolifération (...) et la sécurité du monde».

Le premier ministre canadien, Stephen Harper, a fait écho à ces déclarations. «Le Canada a souvent dénoncé les activités nucléaires du gouvernement iranien. Je pense que les preuves s'accumulent sur la nature illicite et dangereuse de ces activités», a-t-il souligné.

«J'ai envoyé un message clair aux présidents Obama et Sarkozy, au premier ministre Brown et à tous nos alliés que le Canada soutiendra toutes les actions nécessaires pour faire face à cette importante menace à la paix et la sécurité internationales», a ajouté M. Harper.

Téhéran a envoyé une lettre, lundi, à l'Agence internationale de l'énergie atomique, faisant état de la construction de ce site de production de combustible nucléaire, proche de la ville sainte de Qom, au sud-ouest de la capitale.

La vive condamnation survient alors que les dirigeants des 20 plus grandes puissances économiques de la planète se rencontrent à Pittsburgh, en Pennsylvanie, pour un troisième sommet du G20 en moins d'un an.

Un site «incompatible»

Ce deuxième site est «incompatible» avec le caractère civil du programme nucléaire iranien revendiqué par Téhéran, a précisé le président américain, et «nous attendons de l'AIEA qu'elle enquête immédiatement» à ce sujet.

M. Obama a prévenu que si l'Iran ne se conformait pas aux exigences de l'ONU, qui réclame sans succès l'arrêt de l'enrichissement iranien depuis plusieurs années, il s'exposait à des conséquences.

Il n'a pas prononcé le mot de sanctions mais les dirigeants français et britannique n'ont pas hésité à en brandir la menace.

«Nous n'en resterons pas là et nous sommes prêts à mettre en oeuvre des sanctions supplémentaires et plus sévères», a déclaré M. Brown. «Faisons passer le message: l'Iran doit renoncer à toute ambition militaire pour son programme nucléaire».

«Et si d'ici le mois de décembre, il n'y a pas de changement profond de la politique iranienne, des sanctions devront être prises, il en va de la paix et de la stabilité», a renchéri M. Sarkozy.

À Vienne, l'AIEA a annoncé vendredi avoir été informée par l'Iran -dans un courrier le 21 septembre- qu'il construisait un second centre d'enrichissement d'uranium, en plus de celui de Natanz, dans le centre du pays.

Mais les Occidentaux ont assuré avoir connaissance de ce site depuis longtemps.

«Depuis un certain temps, nous, Américains, Français, Britanniques avions des informations sur l'existence de la centrale en construction de Qom», a indiqué à l'AFP un responsable français ayant requis l'anonymat. L'Allemagne, la Russie et la Chine n'étaient pas au courant et n'ont été informées que récemment par leurs alliés.

La construction de la centrale de Qom (sud de l'Iran) a commencé il y a plus de quatre ans, donc avant l'élection du président ultra-conservateur iranien Mahmoud Ahmadinejad, a-t-il ajouté.

Ces révélations théâtrales de Washington, Paris et Londres interviennent à quelques jours d'une réunion des six grandes puissances chargées des discussions sur le programme nucléaire iranien -États-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne- avec un représentant iranien le 1er octobre à Genève.

Ce sera un «sujet très important» des discussions, a noté un haut responsable de l'administration américaine sous couvert de l'anonymat.

Le diplomate en chef de l'UE, Javier Solana, qui sert régulièrement d'intermédiaire auprès des Iraniens pour les grandes puissances, a apporté son soutien aux critiques des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne à l'encontre de l'Iran.

La chancelière allemande Angela Merkel, qui s'est également associée à l'initiative de Londres, Washington et Paris, a souligné par ailleurs la nécessité d'une concertation avec la Russie et la Chine sur ce sujet.

L'Iran, qui a toujours nié chercher à se doter de l'arme atomique, a confirmé l'existence de ce deuxième site, affirmant qu'il n'était «pas secret».

-Avec AP et AFP