Dominique Strauss-Kahn savourait mercredi sa première journée d'homme libre, impatient de rentrer en France après l'abandon de toutes les poursuites dont il faisait l'objet à New York pour agression sexuelle.

Dans la matinée, aucune activité n'était visible dans sa luxueuse maison de TriBeCa, dans le sud de Manhattan, devant laquelle guettaient de nombreux journalistes. Tous les rideaux des fenêtres étaient tirés.

M. Strauss-Kahn avait mardi soir célébré la fin de ce qu'il a appelé «un cauchemar» judiciaire à l'Artusi, un restaurant italien de Greenwich village, avec notamment sa femme Anne Sinclair et l'un de ses avocats William Taylor.

Il doit en principe récupérer son passeport mercredi, dernier sésame vers la liberté.

Mercredi, son avocat a qualifié d'«erreur de jugement qui n'avait rien de criminel» la brève relation sexuelle qu'a eue l'ancien patron du FMI avec la femme de chambre guinéenne le 14 mai dans sa suite du Sofitel.

Dominique Strauss-Kahn «a payé au prix fort une erreur passagère de jugement qui n'avait rien de criminel», a expliqué Benjamin Brafman dans une interview à la chaîne américaine NBC.

«Il y a une grande différence entre un rapport sexuel et une agression», a ajouté l'autre avocat de l'ancien ministre, William Taylor.

La presse américaine revenait mercredi longuement sur le dénouement d'une des affaires judiciaires les plus spectaculaires de ces dernières années à New York.

Elle était généralement favorable au procureur Cyrus Vance qui a demandé l'abandon des poursuites.

«Abandonner les poursuites était la bonne décision à prendre, mais les victimes doivent pouvoir faire confiance au système», titrait ainsi un éditorial du New York Times.

Cette affaire aura nui à toutes les parties: Dominique Strauss-Kahn a perdu son poste de patron du FMI et Nafissatou Diallo a été dépeinte comme une menteuse vénale, écrivait le Wall Street journal tout en estimant que le procureur avait bien fait. «C'est parfois ce qui arrive quand les intérêts de la justice sont bien servis», soulignait le quotidien.

«Bon débarras» titrait pour sa part New York Post, en soulignant que de nombreuses questions resteraient à jamais sans réponse, notamment celle de savoir ce qui s'est vraiment passé entre 12h06 et 12h26 le 14 mai dans la suite 2806 du Sofitel de New York.

Nafissatou Diallo, la femme de chambre guinéenne venue y faire le ménage, affirme y avoir été agressée par Dominique Strauss-Kahn, qui l'aurait contrainte à une fellation.

La femme de chambre est toujours employée du Sofitel à New York.

Mais des «discussions» vont être rapidement engagées entre Accor, exploitant le Sofitel de New York, et les avocats de Mme Diallo sur son avenir professionnel, a indiqué mercredi le groupe hôtelier français.

Ces discussions visent à déterminer les suites à donner à son contrat de travail, a indiqué un porte-parole du groupe, sans préciser quelles étaient les intentions d'Accor.

Mi-mai, au lendemain de l'arrestation de DSK, le patron de l'hôtel, Jorge Tito, avait indiqué à l'AFP que la plaignante travaillait au Sofitel de New York depuis trois ans et donnait entière satisfaction.

Les procureurs ont demandé et obtenu mardi d'un juge de Manhattan l'abandon de toutes les poursuites contre l'ancien patron du FMI qui avait plaidé non coupable le 6 juin de sept chefs d'accusation dont tentative de viol, agression sexuelle et séquestration.

Lors d'une brève audience de 15 minutes, ils ont fait valoir que Mme Diallo, en raison de ses mensonges répétés, ne pouvait être un témoin crédible dans un procès. Et selon eux, rien n'a permis d'établir avec certitude que la brève relation sexuelle qu'elle a eue avec DSK lui avait été imposée.