En Syrie, après huit ans de guerre, « le conflit est loin d'être terminé », a estimé jeudi devant le Conseil de sécurité le nouvel émissaire de l'ONU pour ce pays, le Norvégien Geir Pedersen.

« Des pans entiers du territoire continuent d'échapper au gouvernement » et le groupe djihadiste État islamique « peut renaître de ses cendres », a-t-il ajouté, en présentant sa première évaluation de la situation depuis son entrée en fonctions en janvier.

« Onze millions de Syriens ont besoin d'une aide humanitaire », a aussi rappelé l'émissaire, en évoquant par ailleurs les inquiétudes de la population au sujet des personnes disparues et des prisonniers.

En réaffirmant qu'il espérait convoquer « dans les délais les plus brefs » un Comité constitutionnel, dont la création est toujours en gestation, Geir Pedersen a estimé que ce dernier « représenterait une possibilité de relancer le processus politique ».

Selon le plan de l'ONU, le Comité constitutionnel, qui doit conduire à une révision de la Constitution et à des élections, doit comprendre 150 membres : 50 choisis par le pouvoir, 50 par l'opposition et 50 par l'émissaire de l'ONU afin d'insérer dans la réflexion des experts et des représentants de la société civile.

Aucun accord n'a été trouvé jusqu'à présent sur la composition de cette troisième liste qui suscite des divergences entre Damas et l'ONU.    

Lors de la réunion du Conseil, tous ses membres ont fait part de leur plein soutien au nouvel émissaire de l'ONU. Mais avec des jugements contradictoires sur la situation du pays.

La France a ainsi estimé que les réfugiés (5,6 millions selon l'ONU) ne montraient aucune appétence pour regagner la Syrie alors que la Russie appelait à nouveau la communauté internationale à participer à la reconstruction du pays.

Geir Pedersen est le quatrième médiateur de l'ONU depuis le déclenchement du conflit en mars 2011. Il a indiqué au Conseil de sécurité qu'il prévoyait de se rendre dans les semaines à venir à Washington, Londres, Damas et Pékin.

Ses prédécesseurs n'ont pas réussi à trouver une issue à cette guerre qui s'est complexifiée au fil des ans et a fait plus de 360 000 morts ainsi que des millions de réfugiés et déplacés.

La mission du nouvel émissaire intervient dans un contexte militaire favorable au régime de Bachar al-Assad qui contrôle désormais les deux tiers de la Syrie après avoir enchaîné les conquêtes territoriales aux dépens des rebelles et djihadistes.