La trêve annoncée le jour de Noël dans une banlieue  de Damas a été de courte durée jeudi, alors que l'armée de l'air bombardait pour le douxième jour consécutif des secteurs rebelles d'Alep et de sa province, dans le nord.

Entre le 15 et le 25 décembre, ces raids du régime ont fait 422 morts, en majorité les civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

À Mouadamiyat al-Cham, une banlieue au sud-ouest de Damas, des combats jeudi après-midi ont fait voler en éclats la trêve conclue la veille entre le régime et le comité local de la ville, assiégée depuis un an.

L'opposition a accusé l'armée loyale au président Bachar al-Assad d'avoir brisé le cessez-le-feu.

«Ils ont ouvert le feu sans raison avec des mitrailleuses lourdes. Cela signifie qu'il y a des membres du régime qui refusent de lever le siège», a expliqué à l'AFP, via Internet, Ahmad, un militant de la ville.

«C'est pour cela que les combats ont repris», a-t-il ajouté.

La Commission générale de la révolution syrienne, un réseau de militants présent sur le terrain, a confirmé les combats et annoncé que l'armée avait envoyé «d'importants renforts» vers la ville.

Une trêve était entrée en vigueur mercredi et les habitants avaient accepté de hisser durant trois jours en signe de bonne volonté le drapeau du régime sur les citernes d'eau de la ville», avait déclaré à l'AFP Abou Malek, un responsable du Conseil local de la ville.

«La nourriture devait être acheminée jeudi vers la localité mais rien n'est arrivé», selon Ahmad.

Pendant ce temps, un militant, Emad al-Barzawi, a fait état de négociations pour un cessez-le-feu à Barzé, un quartier du nord de Damas transformé en champ de bataille depuis des mois. «Pour le moment, les discussions n'ont pas abouti», a-t-il précisé.

À Alep, l'aviation a largué des barils d'explosifs sur le quartier d'Hanano (est), et a effectué un raid contre Daret Ezza, une ville de cette province, selon l'OSDH.

L'Union européenne, les États-unis et la Ligue arabe ont condamné ces bombardements et Human Right Watch les a qualifiés «d'illégaux».

Abou Omar, un militant de la localité de Marea, près de la Turquie, a fait part du cauchemar que représente ce type d'attaques à l'aide de barils d'explosifs, qui durent depuis le 15 décembre.

«Quand cela commence, vous avez l'impression que vous allez mourir dans la seconde qui suit», a-t-il dit.

«Le régime nous voit tous comme des terroristes, qu'il s'agisse des combattants, des civils, des hommes, des femmes, des enfants. Pour lui, tous ceux qui vivent dans les zones libérées (rebelles) sont des terroristes», a-t-il expliqué à l'AFP via internet.

Dans la banlieue nord-est de Damas, à Adra, l'armée traquaient les rebelles appartement par appartement dans des immeubles, tuant 57 «terroristes», selon le quotidien al-Watan proche du pouvoir. Le régime utilise le terme de «terroriste» pour désigner les rebelles dans leur ensemble.

Par ailleurs, l'agence officielle Sana a accusé les rebelles islamistes d'avoir assassiné un dignitaire religieux dans la province de Damas «alors qu'il sortait de la mosquée après la prière du soir».

Depuis le début en mars 2011 d'une révolte pacifique qui a dégénéré en guerre civile, plus de 126.000 personnes ont péri dans les violences en Syrie, selon l'OSDH.

Drapeau contre nourriture

Les habitants d'une ville contrôlée par les rebelles non loin de Damas ont fait flotter le drapeau utilisé par le gouvernement du président Bachar el-Assad dans l'espoir d'obtenir des denrées alimentaires, ont affirmé jeudi des militants.

Cette entente, qui force les opposants de la ville de Moadamiyeh à encaisser une humiliation symbolique, s'inscrit dans la lignée d'une série d'accords de trêves ponctuelles avec les forces gouvernementales.

Les termes de ce type d'entente, qui suppose également que les rebelles remettent leur artillerie lourde et expulsent les opposants au président contesté, sont inhabituels.

Les résidents estiment qu'il s'agit d'une pilule amère à avaler.

Pendant près d'un an, la communauté située à l'ouest de la capitale syrienne, Damas, a été pilonnée et affamée, entourée par des postes de contrôle du gouvernement qui ne laissent passer ni nourriture, ni eau potable, ni essence.

Les troupes loyales au président Bachar el-Assad les sommaient également d'expulser les rebelles qui auraient pu s'infiltrer dans leur communauté.

Au moins deux femmes et quatre enfants sont morts des suites de maladies liées à la faim, selon des militants.

«Nous sommes envahis par la tristesse, mais nous avons fait flotter le drapeau parce que personne ne nous a aidés, personne ne nous a tendu la main», a affirmé un résident de Moadamiyeh qui a seulement dévoilé son prénom, Ahmad, par crainte de représailles.

«Nous sommes prêts à sauver les vies des enfants (affamés). Il n'y a pas de pain à Moadamiyeh. Pendant trois mois, il n'y a même pas eu un grain de riz», a-t-il poursuivi.

Le drapeau national syrien pouvait être vu à distance, flottant au-dessus d'un réservoir d'eau, selon les images diffusées par une chaîne d'informations du Liban.

- Avec AP