Les militants pro-démocratie en Syrie ont dédié samedi une page Facebook à un garçon de 13 ans «torturé et tué» selon eux par les forces de sécurité à Deraa, où est née la contestation du régime, appelant à des manifestations en sa mémoire.

Selon la «Syrian Revolution 2011», moteur de la contestation, la dépouille de Hamzeh al-Khatib, originaire du village d'al-Jizeh dans la région de Deraa (sud), a été remise le 25 mai à sa famille après qu'il eut disparu après une manifestation hostile au président Bachar al-Assad le 29 avril.

«Nous sommes tous Hamzeh», écrivent-ils sur la page qui lui est dédiée, «Nous allons sortir de chaque maison et chaque quartier pour exprimer notre colère, nous ne nous tairons pas».

Une photo du présumé jeune garçon est montrée sur la page avec la mention «le samedi du martyre de Hamzeh al-Khatib». Sous la photo, on affirme qu'il a «été tué sous la torture des gangs d'Assad».

Les journalistes étrangers sont interdits de circuler librement en Syrie, rendant difficile toute vérification des faits sur le terrain.

Selon les militants, le garçon avait décidé de prendre part aux manifestations après la mort de son cousin tué par la police. Il avait été arrêté le 29 avril par les forces du régime et sa famille n'avait plus eu de ses nouvelles jusqu'à la remise de sa dépouille mortelle le 25 mai.

Ces militants ont fait état de traces de torture sur son corps, en soutenant qu'il avait le cou brisé notamment. Le père du garçon, Ali al-Khatib, a été arrêté par les forces de sécurité qui pourraient le contraindre à faire de «faux aveux», selon eux.

Le militant Ammar Qourabi, de l'Organisation nationale de défense des droits de l'Homme, et le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane, ont confirmé la torture du garçon.

Selon M. Abdel Rahmane, joint au téléphone par l'AFP à Nicosie, «on ne peut plus se taire sur les tortures à Deraa et ailleurs. Il faut que les autorités syriennes jugent ceux qui ont torturé Hamzeh al-Khatib et les autres».

Il a fait état de «sept dépouilles de personnes torturées à mort, dont certaines ont eu le coup brisé à l'hôpital national de Deraa», et cité en outre des témoignages de «centaines de personnes qui ont été torturées en détention puis relâchées».

M. Abdel Rahmane a appelé les autorités à ouvrir une enquête «honnête» et à cesser de dire qu'il s'agit d'«informations fabriquées».

Selon le Washington Post, citant des responsables américains non identifiés, l'Iran envoie des instructeurs et des conseillers en Syrie pour aider le régime à mater les manifestations qui menacent son principal allié dans la région.

La veille, les forces de l'ordre ont dispersé des manifestations hostiles au régime syrien faisant au moins douze morts selon les militants.

Selon des ONG des droits de l'Homme, plus de 1000 personnes ont été tuées et quelque 10 000 arrêtées dans la répression des manifestations.

Selon les autorités syriennes, qui attribuent les troubles à «des gangs criminels armés» ou à «des groupes terroristes», 143 membres des forces de sécurité sont morts depuis cette date.

M. Assad, visé directement par des sanctions américaines et européennes, est également soumis à des pressions de son allié russe qui lui a demandé de mettre en place des réformes démocratiques.