L'opposant égyptien Mohammed ElBaradei a estimé jeudi soir sur le site de micro-blogues Twitter que l'Égypte allait «exploser» et déclaré que l'armée devait intervenir pour «sauver le pays», alors que le président Hosni Moubarak a refusé de démissionner

L'Égypte va exploser. L'armée doit sauver le pays maintenant», a-t-il écrit sur son compte Twitter, peu de temps après l'annonce par M. Moubarak qu'il déléguait ses pouvoirs au vice-président Omar Souleimane, mais sans démissionner.

Plus tôt dans la journée, M. ElBaradei avait proposé qu'Hosni Moubarak laisse la place à un conseil de trois personnes et un gouvernement d'union nationale, dans des interviews accordées à des publications américaine et autrichienne.

Dans un entretien accordé au magazine américain Foreign Policy, M. ElBaradei a jugé que la transition dont est chargé le vice-président égyptien Omar Souleimane n'apportera pas la démocratie aux Égyptiens, à moins qu'«on ne cesse de leur botter l'arrière-train».

«Je pense que ce processus (de transition, ndlr) est défectueux. On ne demande pas un renard de surveiller un poulailler», a dit M. ElBaradei

«Non, je n'ai aucune confiance» en M. Souleimane, a-t-il ajouté.

Le président Hosni Moubarak, dont le régime est secoué par une révolte populaire sans précédent depuis son arrivée au pouvoir en 1981, a annoncé jeudi soir à la télévision égyptienne qu'il déléguait ses pouvoirs à Omar Souleimane.

M. ElBaradei, qui a parlé à Foreign Policy avant l'intervention de M. Moubarak, a exhorté les jeunes Égyptiens à continuer de manifester jusqu'à ce que leur exigence principale, le départ du président égyptien, soit satisfaite.

Le lauréat du prix Nobel de la paix a également estimé qu'Omar Souleimane devait démissionner, car «ni Moubarak, ni Souleimane, ni tous ceux qui font partie du régime n'est crédible».

Par ailleurs, dans un entretien au quotidien autrichien die Presse à paraître vendredi, Mohamed ElBaradei a jugé que «le leader du régime doit laisser la place à un conseil présidentiel composé de trois personnes et un gouvernement d'union nationale. Ce gouvernement doit être composé d'experts crédibles».

L'ancien directeur général de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) a ensuite décrit la marche à suivre: «après une période transitoire d'un an des élections libres et démocratiques devront être organisées. Une Constitution transitoire doit aussi être rédigée pendant ces douze mois.»

«Mais les gens dans la rue ont les mêmes sentiments envers Souleimane qu'envers Moubarak. Souleimane n'est que le reflet de Moubarak», relève M. ElBaradei, qui a assuré ne pas avoir été associé aux récentes discussions entre pouvoir et opposition.

L'opposant de 58 ans, qui s'est dit prêt à briguer la présidence, estime que l'armée doit jouer un «rôle central» dans la transition pour protéger «une démocratie naissante». «Mais soyons clair: le rôle de l'armée est de protéger l'État, pas de le diriger», assène M. ElBaradei, invitant l'armée à se battre «aux côtés de la population».

En réponse aux critiques sur son éloignement des réalités égyptiennes, l'ancien diplomate de carrière dit avoir «travaillé à susciter de la sympathie à l'étranger pour le peuple égyptien, à faire prendre conscience de sa misère et de son combat pour ses droits».