Le Parlement européen a approuvé jeudi à une large majorité les mesures d'urgence proposées par le président de la Commission Jean-Claude Juncker pour mieux répartir l'accueil des réfugiés entre les États membres ainsi que sa proposition de créer un mécanisme de répartition permanent et contraignant.

Anticipant une réunion cruciale des ministres de l'Intérieur des 28, prévue lundi à Bruxelles, les députés européens ont dénoncé dans une résolution un «manque de solidarité regrettable des gouvernements envers les demandeurs d'asile».

Et ils se sont dits prêts, le moment venu, à donner leur aval législatif - «au moyen d'une procédure accélérée» - au projet présenté mercredi par M. Juncker devant le Parlement à Strasbourg.

Lors de son premier discours sur l'état de l'Union, largement dominé par la pire crise migratoire en Europe depuis 1945, le président de la Commission avait exhorté les États membres à se répartir d'urgence l'accueil de 160 000 réfugiés, déjà sur le sol européen. «Ceci doit être fait de façon obligatoire», avait-il prôné, pour ne pas laisser «l'Italie, la Grèce et la Hongrie se débrouiller seules».

M. Juncker avait également préconisé qu'après ces mesures d'urgence, «un mécanisme de relocalisation permanent» et contraignant soit adopté.

Dans leur résolution adoptée à Strasbourg par 432 voix pour, 142 contre et 57 abstentions, les eurodéputés ont apporté leur «soutien» à ces initiatives et réclamé une «clé de répartition équitable et obligatoire» entre États membres.

Dans son discours, M. Juncker avait également pressé les États membres d'adopter une liste commune de pays tiers considérés comme «sûrs», afin de faciliter le traitement des demandes d'asile. Sur ce point, les parlementaires ont souhaité que cette liste «n'aille pas à l'encontre du principe de non-refoulement et du droit d'asile de chacun».

Les députés ont déploré que les migrants «n'aient pas d'autre option que le recours à des passeurs et à des itinéraires dangereux pour trouver une protection en Europe», jugeant «urgent» que les États membres mettent en place «des voies sûres et légales», notamment «des couloirs humanitaires et des visas humanitaires».

Enfin, le Parlement européen a appelé à la tenue d'une «conférence internationale», associant l'Union européenne et ses membres ainsi que l'ONU, les États-Unis, les États arabes et des ONG internationales, afin de traiter de toutes ces questions.

La Roumanie s'oppose aux quotas

La Roumanie s'oppose au système de quotas proposé par la Commission européenne pour la répartition de 160 000 réfugiés, présents déjà sur le sol européen, a annoncé jeudi le président Klaus Iohannis.

«Nous ne considérons pas que c'est une solution ou que c'est opportun de parler de quotas obligatoires, calculés de manière très bureaucratique, presque comptable je dirais, sans consulter les États membres», a déclaré M. Iohannis à la presse.

«Il s'agit d'êtres humains et pas de pièces qui doivent être comptées», a-t-il souligné, indiquant avoir «pris acte avec un certain mécontentement» du projet de quotas présenté mercredi par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Le mandat du ministre roumain des Affaires intérieures pour une réunion cruciale des ministres de l'Intérieur de l'UE, prévue lundi à Bruxelles, est par conséquent d'exprimer l'opposition de Bucarest à ces quotas, a renchéri M. Iohannis.

Selon la demande de M. Juncker, Bucarest devrait accueillir 4646 réfugiés sur deux ans. Ces derniers s'ajouteraient aux 1785 que Bucarest a déjà proposé d'accueillir suite à un accord trouvé en juillet par les États membres de l'UE visant la répartition de 40 000 réfugiés arrivés en Italie et en Grèce au printemps.

La Roumanie, qui reste épargnée par la crise, «a déclaré sa solidarité européenne, non pas par des paroles, mais par l'offre d'accueillir un nombre important de réfugiés», vu la capacité d'accueil dont elle dispose, a encore indiqué le président.

Selon les autorités, ce pays dispose de six centres d'accueil comptant au total 1500 places, dont environ 20 % sont déjà occupées.