Le ministre américain de la Défense Jim Mattis et son homologue sud-coréen Jeong Kyeong-doo ont décidé d'annuler l'exercice militaire « Vigilant Ace » prévu en décembre, un geste envers Pyongyang visant à faciliter les négociations sur le programme nucléaire nord-coréen.

Les deux ministres veulent ainsi « donner au processus diplomatique (avec Pyongyang) toutes les chances de se poursuivre »,  a annoncé vendredi Dana White, porte-parole du Pentagone dans un communiqué publié à Washington.

M. Mattis a eu une rencontre trilatérale vendredi à Singapour avec M. Jeong et le ministre japonais de la Défense Takeshi Iyawa, en marge d'une conférence internationale.  

Après les manoeuvres Ulchi Freedom Guardian, qui ont lieu chaque année début septembre et deux exercices navals américano-sud-coréens, ce sont les quatrièmes manoeuvres militaires à être annulées en Corée du Sud depuis le sommet historique de Donald Trump et Kim Jong-un en juin.

Cette annonce intervient deux semaines après un nouveau voyage à Pyongyang du chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, qui s'est entendu avec Kim Jong-un pour tenir un deuxième sommet USA-Corée du Nord.

« Il y a encore pas mal de travail à faire », mais « nous pouvons maintenant voir un chemin pour atteindre l'objectif final, qui est la dénucléarisation vérifiée de la Corée du Nord », avait commenté M. Pompeo, dont le voyage à Pyongyang visait à relancer des pourparlers qui patinaient sur ce dossier depuis le sommet de Singapour.

Le communiqué du Pentagone ajoute que « les deux ministres sont déterminés à modifier les manoeuvres militaires pour s'assurer de la bonne préparation des forces » des deux pays, une formulation qui laisse entendre que des exercices différents et plus réduits pourraient quand même avoir lieu.

Tokyo « consulté »

« Ils se sont engagés à continuer à se coordonner étroitement », a poursuivi Mme White, précisant que le Japonais Iwaya a été « consulté » avant cette décision.

La Corée du Nord réclame depuis longtemps la fin de ces exercices qu'elle considère comme la répétition de l'invasion générale de son territoire.  Pyongyang a souvent réagi en menant ses propres opérations militaires.  

Vigilant Ace est un exercice aérien qui a lieu tous les ans début décembre en Corée du Sud pour améliorer la coordination entre les deux armées alliées et renforcer la préparation des troupes à une éventuelle invasion nord-coréenne. L'an dernier, 230 avions et quelque 12 000 soldats américains et sud-coréens y avaient participé.

En août, M. Mattis avait annoncé la fin de la suspension des exercices militaires alliés sur la péninsule coréenne, décidée comme un « geste de bonne volonté » après le sommet de Singapour. Mais il s'était gardé d'annoncer une date précise pour la reprise des manoeuvres militaires.

« Nous allons voir comment les négociations se passent et nous verrons », avait-il dit.

Fin septembre, le nouveau commandant des forces américaines en Corée du Sud, le général Robert Abrams, avait estimé que la pause dans les exercices militaires représentait un « risque prudent » destiné à améliorer les relations avec Pyongyang.

Mais il y a « certainement eu une dégradation dans le niveau de préparation de la force, des forces combinées », avait-il ajouté devant la commission des Forces armées du Sénat, qui avait confirmé sa nomination.