La classe politique indienne rendait hommage à l'ancien premier ministre Atal Bihari Vajpayee, décédé jeudi à l'âge de 93 ans après un demi-siècle de vie politique marquée par l'arrivée au pouvoir de son parti nationaliste hindou.

«Son décès marque la fin d'une ère. Il a vécu pour la nation et l'a servie avec assiduité pendant des décennies», a écrit l'actuel Premier ministre Narendra Modi sur son compte Twitter à propos de M. Vajpayee, qui avait occupé à trois occasions le poste de premier ministre.

«Son décès est une perte personnelle et irremplaçable pour moi», a-t-il ajouté. Nombre de ministres aujourd'hui en fonction, dont Narendra Modi, ténor du Bharatiya Janata Party (BJP, nationaliste), ont d'abord été les protégés de M. Vajpayee.

«C'est grâce à la persévérance et aux combats d'Atal Ji que le BJP a pu être construit brique par brique», a ajouté M. Modi, en utilisant une expression honorifique en hindi.

Atal Bihari Vajpayee «fait partie des plus grands leaders de l'Inde moderne, il a passé sa vie entière à servir notre grand pays», a déclaré Manmohan Singh, qui lui avait succédé en 2004 au poste de premier ministre.

«Aujourd'hui, l'Inde a perdu l'un de ses grands fils», «aimé et respecté» par des millions de personnes, a renchéri Rahul Gandhi, actuel chef du parti du Congrès, rival du BJP.

M. Vajpayee faisait face depuis plusieurs années à des problèmes de santé, mais son état s'était fortement détérioré ces derniers jours, selon les médecins.

Déjà hospitalisé il y a plus de deux mois pour une infection des reins et des douleurs à la poitrine, son état de santé jeudi était jugé «critique» par l'hôpital.

Son corps a été transféré jeudi soir dans sa résidence de New Delhi et des funérailles d'État sont prévues jeudi, a indiqué le BJP.

Poésie et nucléaire

Ancien journaliste et poète converti à la politique, l'ancien chef de gouvernement a contribué à la montée en puissance du parti Bharatiya Janata, aujourd'hui au pouvoir, et a occupé le poste de premier ministre par trois fois, en 1996, 1998-99 et 1999-2004.

Sa carrière politique, étendue sur cinq décennies, a atteint son apogée dans les années 1990, où des dizaines de milliers de personnes venaient suivre ses discours, fascinés par les tirades poétiques qu'il adressait parfois à ses adversaires.

Il a notamment engagé des discussions historiques avec le premier ministre du grand rival de l'Inde, le Pakistan, en 1999. Mais son image de pacifiste s'est effondrée quand des violences entre combattants pro-pakistanais et soldats indiens ont enflammé la région contestée du Cachemire, faisant un millier de morts.

Il a également contribué à l'escalade des tensions en Asie du Sud en effectuant des essais nucléaires en 1998.

M. Vajpayee s'était retiré de la sphère publique après une défaite électorale en 2004. Il aurait subi un accident vasculaire cérébral en 2009, qui l'avait confiné à sa résidence de New Delhi.