Le premier ministre cambodgien Hun Sen a salué vendredi les efforts du pouvoir pour « éliminer les traîtres », au cours d'un vaste rassemblement électoral organisé deux jours avant des législatives que l'opposition appelle à boycotter.

« Récemment, nous avons pris des mesures légales pour éliminer les traîtres qui tentaient de renverser le gouvernement et de plonger de nouveau le pays dans la guerre », a déclaré Hun Sen, au pouvoir depuis 33 ans, devant des dizaines de milliers de ses partisans réunis à Phnom Penh tôt vendredi matin.

Le climat politique est tendu dans le pays, sans opposition crédible depuis la dissolution fin 2017 du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP) et l'emprisonnement de son chef, Kem Sokha, depuis septembre.

Les défenseurs des droits de l'Homme accusent le premier ministre Hun Sen de vouloir rester à tout prix au pouvoir, et Washington comme Bruxelles ont retiré leur aide à l'organisation de ce scrutin très controversé, boycotté par une opposition en exil pour l'essentiel afin d'échapper à des poursuites jugées politiques.

« Ceux qui sont contre les élections sont ceux qui détruisent la nation et la démocratie et on ne doit pas le leur pardonner », a insisté Hun Sen vendredi.

« Ceux qui ne vont pas voter à dessein détruisent la démocratie, avec l'appui d'un groupe hors la loi agissant depuis l'étranger », a-t-il mis en garde, alors que des actions légales sont en cours contre ceux qui ont osé promouvoir le boycottage à visage découvert depuis le Cambodge.

Hun Sen a comparé le Cambodge au Pakistan, où des élections viennent d'avoir lieu cette semaine. « La différence c'est qu'ici nous n'avons pas de violences ou d'attentats », a-t-il poursuivi devant ses partisans réunis en plein air, protégés du soleil par des casquettes du Parti du peuple cambodgien (PPC).

« Le PPC continuera à être victorieux après-demain », a-t-il assuré.

Hun Sen est coutumier des déclarations-chocs contre l'opposition. Il a ainsi par le passé promis « l'enfer » à ses opposants, les invitant à « préparer leurs cercueils » en cas de contestation et déclarant vouloir se maintenir au pouvoir « encore pour les deux prochains mandats ».