Les Philippines vont formuler une protestation diplomatique auprès de la Chine car Manille s'interroge sur une éventuelle remise en cause par Pékin d'une promesse de ne pas militariser un îlot contesté en mer de Chine méridionale.

La Chine revendique pour des raisons historiques la majorité de cette zone maritime où des pays riverains ont des prétentions rivales. Elle a fait renforcer des récifs qu'elle contrôle afin d'y construire des installations, notamment militaires (pistes d'atterrissage, armements).

Mardi, le ministre philippin de la Défense, Delfin Lorenzana, a déclaré que Manille enquêtait sur des rapports récents faisant état d'activités chinoises pour installer une base militaire sur l'île artificielle construite à Fiery Cross Reef (appelé «Yongshu» en Chine), également revendiqué par les Philippines et le Vietnam.

En décembre, le centre d'études américain AMTI (Asian Maritime Transparency Initiative) avait publié un rapport selon lequel la Chine a poursuivi en 2017 ses chantiers en mer de Chine méridionale malgré les revendications rivales des nations voisines (Philippines, Vietnam, Malaisie, Brunei).

Selon ce rapport, les constructions les plus importantes ont été réalisées sur Fiery Cross, où les travaux se seraient étendus sur environ 110 000 m2.

Selon M. Lorenzana, Pékin a assuré ne pas militariser les récifs et agir «seulement à des fins pacifiques comme le tourisme», «mais si cela est vrai et que nous pouvons prouver qu'ils ont installé des soldats et des armes quelconques, défensives (ou) autre, ce serait une violation de ce qu'ils ont dit».

M. Lorenzana a ajouté avoir reçu des rapports de pêcheurs philippins assurant avoir été «harcelés» par des gardes-côtes chinois.

Interrogé sur les inquiétudes philippines, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Lu Kang a déclaré que la Chine «mène des activités de construction pacifique sur (son) propre territoire» et que Pékin «a besoin de construire l'équipement de défense territorial nécessaire».

«Cela n'est dirigé contre aucun pays», a poursuivi le porte-parole chinois, «je dois souligner que la Chine et les Philippines sont des voisins amicaux».

Manille a pendant des années été le plus fervent adversaire de l'expansionnisme chinois en mer de Chine, obtenant même en 2016 une décision de la Cour permanente d'arbitrage de La Haye jugeant illégales les revendications de Pékin.

La Cour avait été saisie par Benigno Aquino, le prédécesseur de l'actuel président Rodrigo Duterte qui a, lui, cherché à désamorcer les tensions avec Pékin sur la mer de Chine au profit d'une amélioration des relations économiques.