La décision américaine d'interdire à ses ressortissants de voyager à Pyongyang n'aura aucun impact sur le secteur touristique de la Corée du Nord qui ne s'en soucie pas, a déclaré mardi à l'AFP un haut responsable nord-coréen.

L'administration Trump entend interdire cette semaine à ses ressortissants de voyager en République populaire et démocratique de Corée (RPDC), comme se fait appeler la Corée du Nord.

Cette décision fait suite au premier tir réussi par Pyongyang d'un missile intercontinental et, surtout, au décès d'Otto Warmbier qui avait été détenu plus d'un an en Corée du Nord.

Cet étudiant américain avait été condamné en 2016 par la justice nord-coréenne à 15 ans de travaux forcés pour le vol d'une affiche de propagande. Il avait été rapatrié en juin dans le coma aux États-Unis, où il est mort quelques jours plus tard.

Environ 5000 touristes occidentaux, dont un millier d'Américains, se rendent chaque année en Corée du Nord, selon les agences de voyage. Le circuit standard de sept jours coûte environ 2000 dollars.

Pour autant, Han Chol-Su, directeur adjoint de la Wonsan Zone Development Corporation, chargée du développement du projet touristique de Wonsan-Mount Kumgang (Est), a estimé que l'interdiction américaine n'aurait aucun impact sur la Corée du Nord.

«Si le gouvernement américain dit que les Américains ne peuvent pas venir dans ce pays, nous nous en fichons», a déclaré Han Chol-Su à l'AFP à Pyongyang.

Il a estimé que la décision américaine était avant tout politique: «Les États-Unis peuvent continuer avec les sanctions contre nous, mais nous nous en fichons complètement».

Depuis des années, les États-Unis s'en étaient tenus à déconseiller les voyages en Corée du Nord, en raison notamment des risques d'arrestation et de la possibilité que l'argent du tourisme finance les programmes nucléaire et balistique interdits de Pyongyang.

Ils sont passés à la vitesse supérieure avec l'interdiction qui entrera en vigueur 30 jours après avoir été décrétée.

Les agences de voyages étrangères envoyant des touristes au Nord affirment que les réservations ont pris un coup en raison de la montée des tensions, et surtout du décès d'Otto Warmbier.

«Il est évident que de tous les drames qui se sont produits récemment, l'affaire Warmbier a été le plus préjudiciable au tourisme», a déclaré Simon Cockerell, de l'agence Koryo Tours qui enregistre une baisse de 50% de ses réservations. «Cela a considérablement déprimé le marché».