Les pays à travers le monde ont lancé lundi un avertissement aux Philippines à propos de leur guerre controversée contre les trafiquants de drogue, en exigeant la fin de ce qu'ils dénoncent comme une vague d'exécutions extrajudiciaires.

Lors de l'examen à Genève de la situation des droits de l'Homme aux Philippines par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, les diplomates de tous les continents ont condamné les milliers de morts recensés dans la campagne antidrogue depuis l'arrivée au pouvoir du président Rodrigo Duterte l'an dernier.

Tous les quatre ans, le Conseil passe en revue la situation des droits de l'homme dans chaque pays membre.

Lundi, le représentant du Canada a demandé à Manille de « mettre un terme aux exécutions extrajudiciaires, aux disparitions, aux arrestations illégales, aux tortures et au harcèlement ».

Les délégués d'Australie, du Brésil, de France, d'Allemagne et du Ghana, entre autres, ont lancé un appel similaire, tout en réclamant des enquêtes sur les exécutions rapportées.

Le sénateur philippin Alan Cayetano, un proche du président, a dénoncé ce qu'il a appelé une campagne des défenseurs des droits de l'homme et des médias pour déformer la politique antidrogue du gouvernement.

« Il n'y a pas de nouvelle vague d'exécutions aux Philippines », a-t-il affirmé devant le Conseil.

Il a déclaré que les ennemis du gouvernement recouraient à « une tactique politique » consistant à manipuler les chiffres de morts afin de saper la lutte contre le fléau qui empoisonne la société philippine.

M. Cayetano a également montré une vidéo du président Duterte appelant à mettre « les barons de la drogue [...] sous terre », une menace que les membres du Conseil des droits de l'homme n'ont pas l'habitude de voir de la part d'un chef de l'État.

Dans un communiqué, l'organisation américaine Human Rights Watch a salué « l'expression grandissante de l'inquiétude internationale devant le coût humain de la "guerre contre les drogues" meurtrière du président Duterte ».

M. Duterte, avocat de formation, a promis d'éradiquer le trafic de stupéfiants en tuant des dizaines de milliers de trafiquants et de toxicomanes.

Depuis son investiture fin juin 2016, la police a annoncé avoir abattu au moins 2692 personnes, en situation de légitime défense. Elle affirme que 1847 personnes ont par ailleurs été tuées par des hommes armés non identifiés dans des crimes liés aux stupéfiants, et que 5691 autres décès violents font l'objet d'une enquête.