Le vice-président américain, Mike Pence, a visité jeudi à Jakarta la plus grande mosquée d'Indonésie et salué la pratique modérée de l'islam dans le pays musulman le plus peuplé de la planète, estimant qu'elle était une source d'inspiration pour le monde musulman.

«L'islam traditionnellement modéré en Indonésie est franchement une inspiration pour le monde», a déclaré M. Pence à l'issue de pourparlers avec le président indonésien, Joko Widodo.

«Dans votre nation comme dans la mienne, la religion unifie, elle ne divise pas. Cela nous donne de l'espoir pour un avenir meilleur, et nous sommes reconnaissants à l'égard de l'importante source d'inspiration que l'Indonésie fournit au monde», a ajouté le vice-président américain, en tournée dans la région.

Il a ensuite visité la mosquée Itiqlal surmontée d'un dôme blanc de 45 mètres de diamètre, un bâtiment pouvant accueillir jusqu'à 200 000 fidèles.

M. Pence a retiré ses chaussures avant de pénétrer dans la mosquée, la plus grande d'Asie du Sud-Est. Il était accompagné par sa femme et ses deux filles portant pour l'occasion un foulard, ainsi que par le grand imam Nasaruddin Umar.

Le vice-président américain a aussi participé à un dialogue inter-religieux à huis clos, avec des représentants des confessions chrétienne, bouddhiste, confucianiste, hindoue et musulmane - les seules religions reconnues par l'Indonésie.

Les déclarations de Mike Pence lors de sa rencontre avec le président indonésien apparaissent comme une tentative de l'administration américaine d'apaiser les divisions avec le monde musulman après les récentes initiatives du président américain Donald Trump.

Ce dernier s'est attiré de vives critiques ces derniers mois en prenant des décrets migratoires interdisant temporairement l'entrée aux États-Unis des ressortissants de six pays à majorité musulmane - l'Indonésie n'y figurant pas - au nom de la lutte contre le terrorisme.

Les propos de M. Pence interviennent cependant au lendemain de l'élection du gouverneur de Jakarta dont les résultats semblent montrer une influence croissante des partisans d'une ligne dure de l'islam face aux modérés. Mercredi, le gouverneur chrétien sortant Basuki Tjahaja Purnama, en procès pour insulte à l'islam, a été nettement battu par le candidat musulman, recueillant 42% des suffrages contre 58% pour son rival.

Le gouverneur avait été inculpé de blasphème fin 2016 sous la pression de manifestations géantes organisées par des islamistes partisans d'une ligne dure, des experts dénonçant une instrumentalisation à des fins politiques.

L'Indonésie, pays d'Asie du Sud-Est de 255 millions d'habitants, compte près de 90% de musulmans pratiquant en grande majorité une forme d'islam modéré.

La philosophie de l'État indonésien se base sur le «Pancasila» (cinq principes) qui reconnaît notamment l'égalité entre les six religions reconnues par le pays. Ce n'est pas le cas dans d'autres pays musulmans guidés par la loi islamique, la charia. De plus, il n'y a aucune référence à l'islam dans la constitution indonésienne, contrairement à celle, par exemple, de la Malaisie, pays voisin.