Des milliers de Sud-Coréens ont manifesté samedi à Séoul sous une étroite surveillance policière pour exiger la démission de leur présidente Park Geun-Hye, qui a endossé la pleine responsabilité du vaste scandale politico-financier qui la vise.

Au cours de l'une des plus importantes manifestations organisées dans le pays depuis des années, quelque 40 000 personnes selon la police, 200 000 selon les organisateurs, ont appelé au départ de Mme Park lors d'une veillée aux chandelles.

Park Geun-Hye est accusée d'avoir été sous la coupe d'une sulfureuse conseillère de l'ombre, Choi Soon-Sil, qui aurait profité de son ascendant pour spolier des groupes industriels. Mme Choi a été arrêtée jeudi pour fraude et abus de pouvoir.

Malgré une allocution télévisée vendredi empreinte d'émotion lors de laquelle Mme Park a reconnu avoir été imprudente et s'est dite prête à être entendue par le parquet malgré l'immunité que lui garantit son statut.

« Son discours m'a rendue encore plus furieuse », a déclaré Park Mee-Hee, 44 ans, qui manifeste avec sa fille. « Elle n'a pas arrêté de faire des excuses ridicules comme si elle était totalement innocente ».

Environ 20 000 policiers ont été mobilisés pour encadrer les manifestants, pacifiques, quoique résolus dans leurs discours. Dans le cortège, de nombreux collégiens et étudiants ainsi que des familles avec des enfants en poussette.

Poing levé, ils ont scandé: « Park Geun-Hye démission ! Vous êtes assiégée ! »

Mme Park, dont la cote de popularité a chuté à 5 %, a reconnu vendredi être responsable du scandale qui implique sa confidente et amie de 40 ans, en ayant été, par amitié, « négligente » et insuffisamment vigilante.

Mais elle a démenti des informations selon lesquelles elle aurait participé, sous l'influence de celle que les médias sud-coréens surnomment « Raspoutine », à un culte religieux d'inspiration chamanique.

Mais l'opinion publique s'inquiète aussi de savoir si Mme Choi s'est ingérée dans les affaires de l'État et a eu accès à des documents confidentiels alors qu'elle n'avait ni fonction officielle ni habilitation de sécurité.

« Elle devrait démissionner car elle perdu toute son autorité morale de présidente », a affirmé un manifestant de 53 ans, se présentant auprès de l'AFP comme Ahn.

La confidente de Mme Park est la fille d'un mystérieux chef religieux, Choi Tae-Min, devenu son mentor après l'assassinat de sa mère en 1974.

Après les confessions présidentielles, le Parti démocratique, principale formation de l'opposition sud-coréenne, a réclamé des changements substantiels et a averti qu'il lancerait s'il ne les obtenait pas un mouvement pour que Mme Park quitte le pouvoir.

Il est toutefois peu probable que Mme Park démissionne. Les analystes estiment généralement qu'elle terminera tant bien que mal son mandat avec une légitimité très diminuée, affaiblie, outre le scandale Choi, par le ralentissement de la croissance sud-coréenne, la montée du chômage et les tensions militaires avec la Corée du Nord.

Photo Ahn Young-joon, AP

Les manifestants ont appelé au départ de la présidente Park Geun-Hye, accusée d'avoir été sous la coupe d'une sulfureuse conseillère de l'ombre, lors d'une veillée aux chandelles, le 5 novembre à Séoul.