L'alliance historique entre les États-Unis et les Philippines est à «toute épreuve» en dépit de «différences», a assuré jeudi le secrétaire d'Etat John Kerry en allusion aux tensions provoquées par les insultes et tirades antiaméricaines du président Rodrigo Duterte.

«Les États-Unis continuent de tenir en haute estime les liens étroits entre nos pays. Nous continuons de reconnaître notre engagement à toute épreuve à l'égard de la souveraineté, de l'indépendance et de la sécurité des Philippines», a déclaré M. Kerry en intronisant le nouvel ambassadeur des États-Unis à Manille, le diplomate d'origine sud-coréenne Sung Kim.

Son prédécesseur, Philip Goldberg, s'était fait traiter de «fils de pute» et qualifier d'«homosexuel» en août par le président Duterte.

Cela avait déclenché une série d'insultes proférées par le chef de l'État philippin à l'égard de l'ancienne puissance coloniale américaine, M. Duterte ayant même traité plusieurs fois son homologue américain Barack Obama de «fils de pute».

«J'ai confiance dans l'avenir de notre relation bilatérale, malgré les différences ici ou là sur des choses et d'autres», a souligné John Kerry, qui avait rencontré M. Duterte à Manille fin juillet et a dit espérer y retourner avant la fin de son mandat de secrétaire d'État début 2017.

Face aux sorties du nouveau président philippin, la diplomatie américaine s'emploie depuis des semaines à ne pas jeter de l'huile sur le feu.

«Des élections démocratiques apportent du changement et nous devons tous avoir la sagesse de le reconnaître et de nous adapter à ce changement», a souligné M. Kerry, en jugeant que cela ne modifiait pas la «logique de notre alliance» militaire forgée après la Seconde guerre mondiale et consacrée par un traité de défense mutuelle en 1951.

Jusqu'à la prise de fonctions du président Duterte fin juin, Manille était l'un des alliés les plus proches des États-Unis en Asie. Les Philippines étaient également un maillon clé de la politique du «pivot» ou de «rééquilibrage» de l'Amérique vers l'Asie-Pacifique chère au président Obama.

M. Duterte a annoncé fin octobre sa «séparation d'avec les États-Unis» au profit d'une alliance avec la Chine et l'arrêt dans les deux ans des rotations des soldats américains dans l'archipel, avant de tempérer quelque peu ses propos.