Des responsables philippins ont annoncé mardi que le gouvernement allait construire de nouvelles prisons pour faire face à une surpopulation carcérale encore aggravée par la campagne anticriminalité du président Rodrigo Duterte.

Des photos de l'AFP prises à la prison de Quezon City, dans la banlieue nord de Manille, où des milliers de détenus entassés sont contraints de dormir dans des escaliers ou sur des sols de ciment et dans une crasse inimaginable, ont mis en lumière la gravité de la situation carcérale philippine.

Elles ont «ouvert les yeux» des autorités, a déclaré le maire adjoint de Quezon City, Joy Belmonte.

La municipalité a signé mardi un accord pour mettre à disposition du gouvernement un terrain pour y bâtir une nouvelle prison appelée à remplacer celle construite il y a une soixantaine d'années pour 800 détenus, mais qui en compte près de 4000.

«Les photos sont vraiment inacceptables. Ces détenus qui dorment les uns sur les autres parce qu'il n'y a pas assez de place... c'est une violation des droits de l'homme», a déclaré Mme Belmonte.

L'organisation Human Rights Watch avait pour sa part estimé que les photographies étaient des images tout droit sorties «du Purgatoire de Dante», en référence à la description de cet auteur du 13e siècle du lieu où les âmes attendent d'être jugées.

Le ministre philippin de l'Intérieur, Ismael Sueno, a indiqué à l'AFP que le gouvernement comptait débloquer des fonds pour la construction de prisons. Environ 80% des nouveaux détenus sont soupçonnés d'être liés au trafic de drogue.

M. Duterte a été élu en mai en promettant de mettre fin en six mois à la criminalité et a déclenché depuis son investiture fin juin une violente guerre contre le trafic de drogues.

Assurant n'en avoir «rien à faire des droits de l'homme», il a donné l'ordre aux forces de l'ordre de «tirer pour tuer» les suspects qui ne se rendraient pas.

Résultat, près de 900 personnes accusées de liens avec les trafiquants ont été tuées par la police ou par des civils encouragés par la rhétorique présidentielle.

La police a de son côté fait état de plus de 5000 arrestations dans des affaires de stupéfiants.

Avant même l'élection, le système pénitentiaire philippin était le troisième plus encombré au monde, selon l'Institut de recherche sur les politiques criminelles de l'Université de Londres.

À Quezon City, le gouvernement travaille avec le Comité international de la Croix-Rouge pour finaliser les plans d'une prison qui accueillerait 6000 détenus en 2019.